L'État hébreu est prêt à libérer «quelque 80» prisonniers palestiniens condamnés à de longues peines, en vue d'une possible reprise des négociations de paix, a indiqué lundi un responsable israélien.

«Les libérations de prisonniers commenceront lorsque les négociations seront lancées, nous parlons de libérations par vagues», a-t-il précisé à l'AFP sous le couvert de l'anonymat, ajoutant que les détenus concernés avaient tous été incarcérés avant les accords d'Oslo en 1993.

Il n'a toutefois pas donné de détails sur la façon dont cette décision serait adoptée et par qui elle serait prise.

Selon les médias israéliens, le premier ministre Benyamin Nétanyahou présentera cette proposition à son gouvernement «dans les prochains jours» avant la rencontre entre le négociateur palestinien Saëb Erakat et ses homologues israéliens, la ministre de la Justice Tzipi Livni et l'émissaire personnel de M. Nétanyahou Yitzhak Molcho.

A l'issue de son sixième voyage dans la région, le secrétaire d'État américain John Kerry avait annoncé vendredi un accord préparant le terrain à une reprise des pourparlers de paix entre Palestiniens et Israéliens, gelés depuis près de trois ans. Mais les contours de cet accord de principe restent flous, et doivent être évoqués lors de la rencontre entre les négociateurs.

La radio publique israélienne a indiqué que cette rencontre, prévue à Washington selon M. Kerry, se tiendrait en «début de semaine prochaine».

Le responsable a de son côté affirmé à l'AFP qu'«il n'y avait aucune date fixée pour le début des négociations».

Selon le groupe de défense des droits de l'Homme B'Tselem, 4713 Palestiniens sont détenus en Israël, dont 169 en détention administrative, une procédure qui permet de les garder emprisonnés sans inculpation pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment.

Les dirigeants israéliens se sont félicités de la reprise annoncée des négociations gelées depuis près de trois ans. Il s'agit, selon eux, d'un «succès» dans la mesure où Israël n'a pas accepté les «préconditions» présentées par les Palestiniens qui exigeaient que les lignes prévalant avant 1967, c'est-à-dire avant l'occupation de la Cisjordanie, de Jérusalem-est et de la bande de Gaza, servent de bases aux discussions. Les Palestiniens réclamaient également un gel de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-est, ainsi que des libérations de prisonniers.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a pour sa part annoncé que tout accord avec Israël serait soumis à un référendum. M. Nétanyahou a lui aussi proclamé qu'un tel scrutin serait organisé en cas d'accord, ce qui a suscité des dissensions au sein du gouvernement.

La ministre de la Justice Tzipi Livni, responsable des négociations avec les Palestiniens, a estimé lundi que «toute décision aussi importante soit-elle peut être prise par le gouvernement et le Parlement».

«Les élections générales constituent le seul et vrai referendum», a affirmé Mme Livni, qui est à la tête de HaTnuha, un petit parti centriste (6 députés sur 120).

En revanche, le ministre de l'Économie Naftali Bennett, qui dirige le Foyer juif, un parti nationaliste hostile à un accord prévoyant la création d'un État palestinien, a estimé que «seul le peuple peut trancher une question qui divise la nation».

Naftali Bennet cité lundi par les médias a menacé de ne pas voter le budget si un projet de loi sur la tenue d'un referendum n'est pas adopté par le Parlement.