Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQPA) a confirmé la mort de son homme fort au Yémen, le Saoudien Saïd al-Chehri, dans un raid d'un drone américain, ce qui porte un coup dur au réseau déjà affaibli.

Dans une vidéo mise en ligne mercredi sur des sites islamistes, AQPA a fini par admettre la mort de son co-fondateur, annoncée le 24 janvier par les autorités.

«Cheikh Saïd al-Chehri, alias Abou Sofiane Al-Azdi, a été tué dans un raid d'un drone américain», a annoncé un responsable d'AQPA, Ibrahim al-Rubeish, dans la vidéo.

Un «relâchement des mesures de sécurité, lors des contacts téléphoniques» de Chehri, a permis «à l'ennemi» de le repérer, a-t-il expliqué.

Il a également indiqué que Chehri avait organisé l'enlèvement du vice-consul d'Arabie saoudite à Aden (sud), Abdallah al-Khalidi, détenu depuis mars 2012 par AQPA, qui réclame notamment la libération de femmes prisonnières en Arabie saoudite.

Les autorités yéménites avaient annoncé le 24 janvier que Chehri avait «succombé à ses blessures subies lors d'une opération antiterroriste» en novembre dans le Nord du pays, mais le réseau n'avait pas confirmé.

Chehri, un ancien détenu de Guantanamo remis aux autorités saoudiennes en 2007, avait suivi un programme de réhabilitation mis en place par Riyad pour ses ressortissants de retour de la prison américaine, mais s'était échappé pour rejoindre les rangs d'Al-Qaïda au Yémen.

Traqué par les autorités yéménites et par les États-Unis, il avait déjà été donné pour mort à plusieurs reprises par Sanaa.

Le réseau extrémiste avait profité de l'affaiblissement du pouvoir central en 2011, à la faveur de l'insurrection populaire contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer son emprise sur l'est et le sud du Yémen.

Les combattants d'AQPA ont cependant été chassés en juin 2012, à la faveur d'une vaste offensive de l'armée, de la plupart des localités de la province sudiste d'Abyane qu'ils ont contrôlées pendant un an.

Ils se sont repliés dans les zones montagneuses et dans le Hadramout (sud-est), mais leurs opérations ont baissé d'intensité, sous la pression des forces yéménites, soutenues par les drones américains.

«AQPA a réduit ses opérations pour deux raisons : sa restructuration après la perte de son fief à Abyane, et son infiltration de l'intérieur par les Américains comme en témoignent ses pertes humaines», a déclaré à l'AFP un chef tribal connu pour ses contacts avec des membres du réseau.

Signe de ces difficultés, AQPA avait annoncé en mars avoir négocié en vain une trêve avec Sanaa, proposée par des dignitaires religieux et tribaux.

Cette initiative sans précédent avait buté sur un refus du président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui avait exigé que les combattants du réseau «déposent les armes, annoncent leur repentir et renoncent à leurs idées extrémistes».

AQPA n'a pas encore annoncé le successeur de Saïd Chehri. «Ce ne sera assurément pas un Yéménite et le nom d'Ibrahim al-Rubeish est le plus cité pour remplacer Chehri», a indiqué le chef tribal.

M. Rubeish, Saoudien comme Chehri, est actuellement l'idéologue d'AQPA et proclame les édits religieux du réseau, selon lui.

AQPA, dirigée par le Yéménite Nasser al-Whaychi, est née en janvier 2009 de la fusion des branches saoudienne et yéménite d'Al-Qaïda, après les coups durs portés au réseau extrémiste en Arabie saoudite.

Nasser al-Whaychi avait affirmé en juillet 2011 son allégeance à Ayman al-Zawahiri, nouveau chef d'Al-Qaïda après la mort d'Oussama ben Laden dans un raid des forces spéciales américaines en mai 2011 au Pakistan.