Les rebelles afghans talibans ont à nouveau attaqué Kaboul mardi matin, tuant au moins huit personnes, dont un Roumain et quatre Népalais, dans un bref assaut-suicide contre une société de transport étrangère travaillant avec l'OTAN.

L'explosion, suivie d'affrontements avec les forces de sécurité locales, confirme l'intensification des attaques rebelles observée ces dernières semaines, en dépit des espoirs nés de l'ouverture au Qatar d'un bureau taliban destiné à favoriser de futures négociations de paix.

L'attaque intervient alors que la pression s'accroît sur le fragile gouvernement afghan pour négocier avec les talibans, à un an et demi du départ prévu de la grande majorité des troupes de la force de l'OTAN (ISAF), qui le soutiennent depuis plus de dix ans.

Un nuage de fumée s'élevait mardi matin au-dessus du quartier attaqué dans la capitale afghane, déjà frappée récemment par des attaques talibanes contre la Cour suprême, l'aéroport, la présidence et un bureau de la CIA.

Le commando taliban a donné l'assaut vers 4 h 30 locales (20 h à Montréal) dans ce quartier proche de la route de Jalalabad, un axe qui traverse l'est de la capitale et où se trouvent notamment des complexes de l'ONU et de l'ISAF.

«Quatre gardes népalais, un garde afghan et deux civils afghans» ont été tués dans l'attaque, a déclaré à l'AFP le chef de la police de Kaboul, Mohammad Ayoub Salangi, précisant que tous les assaillants, soit environ trois personnes, avaient été tués.

Un Roumain travaillant pour une société de sécurité a été tué dans l'attaque et un autre blessé, a de son côté indiqué à l'AFP Adrian Kozjacski, le chef de la mission diplomatique roumaine en Afghanistan.

La police a également indiqué que trois à quatre personnes avaient été blessées.

L'attaque a visé le complexe du groupe Suprême, basé à Dubaï et qui ravitaille notamment nombre de bases de l'ISAF en eau, nourriture, essence et autres denrées, et gère également des hangars et logements destinés aux militaires.

Selon les premières informations, un camion rebelle bourré d'explosifs a d'abord explosé devant une entrée du complexe industriel, creusant un énorme cratère. Un face-à-face et des échanges de tirs ont ensuite opposé les gardes et deux à trois kamikazes pendant une quarantaine de minutes, jusqu'à la mort de ces derniers, a expliqué le chef de la police.

L'attaque a complètement détruit une partie de l'entrée d'un bâtiment, a constaté un photographe de l'AFP, qui a notamment vu un garde chancelant et ensanglanté, un bandage autour de la tête, être évacué des lieux.

L'assaut a été revendiqué par les rebelles talibans, qui ont confirmé dans un communiqué avoir attaqué «une importante base logistique et de ravitaillement étrangère avec un camion rempli d'explosifs qui a fait céder les barrières et permis à des moudjahidines équipés d'armes lourdes et légères d'entrer».

De nombreuses entreprises étrangères travaillent avec l'ISAF, qui compte quelque 100 000 soldats, aux deux tiers américains, déployés dans le pays.

Les talibans, qui luttent depuis leur chute en 2001 contre le gouvernement de Kaboul et l'ISAF, menée par les États-Unis, envoient régulièrement des commandos-suicides dans la capitale afghane.

Lundi, un homme qui portait une veste explosive dissimulée sous un uniforme de l'armée a été abattu en pleine ville par les forces de sécurité afghanes, près des bureaux des services secrets (NDS), selon ces derniers.

Il y a une semaine, la spectaculaire attaque visant le palais présidentiel de Kaboul et des bureaux de la CIA a coûté la vie à trois gardes afghans.

Les insurgés ont ouvert le 18 juin un bureau politique à Doha, affirmant vouloir trouver un règlement à près de 12 ans de guerre en Afghanistan.

L'installation de cette représentation talibane dans la capitale qatarie n'a toutefois débouché à ce stade sur aucune négociation ou cessez-le-feu concrets, et nourrit des tensions entre Washington et Kaboul, qui craint d'être marginalisé par d'éventuelles discussions officielles entre Américains et talibans.