De plus en plus de ministres israéliens s'opposent ouvertement à la création d'un État palestinien que tente de promouvoir le secrétaire d'État américain John Kerry, de retour jeudi dans la région pour tenter de relancer des négociations de paix.

De plus en plus de ministres israéliens s'opposent ouvertement à la création d'un État palestinien que tente de promouvoir le secrétaire d'État américain John Kerry, de retour jeudi dans la région pour tenter de relancer des négociations de paix.

Le premier ministre Benjamin Nétanyahou se dit favorable à «un accord fondé sur un État palestinien démilitarisé qui reconnaît l'État juif et des mesures de sécurité fermes, assurées par l'armée israélienne».

Mais les durs de son gouvernement n'hésitent pas à le contredire, rejetant un État palestinien même à ces conditions, pourtant jugées inacceptables par le président palestinien Mahmoud Abbas.

Le chef du Foyer Juif, un parti nationaliste religieux, et ministre de l'Économie Naftali Bennett s'est illustré la semaine dernière en comparant la présence des Palestiniens à «un éclat dans le postérieur qu'il vaut mieux garder, quitte à en souffrir de temps en temps, plutôt que de subir une opération risquée pour se le faire enlever», en référence à un État palestinien.

«Nous n'opposerons pas un véto à des négociations, nous ne ferons pas tomber le gouvernement pour cela»,  a-t-il néanmoins ensuite affirmé, estimant qu'il ne «sortirait pas grand-chose» du cinquième voyage de M. Kerry dans la région depuis son entrée en fonctions en février.

Le premier ministre israélien a déclaré mardi que le «but n'est pas seulement de débuter les négociations» mais de «nous engager dans les négociations pendant une durée sérieuse afin de tenter d'aborder toutes les questions et de parvenir à un accord qui résolve les questions fondamentales du conflit».

M. Netanyahu faisait allusion à des informations des médias israéliens, démenties par la direction palestinienne, selon lesquelles M. Abbas aurait accepté, sous pression américaine, une rencontre avec M. Netanyahu.

Au sein même du Likoud, le parti de droite nationaliste de M. Netanyahu, les partisans de la colonisation ont le vent en poupe.

Le vice-ministre de la Défense Danny Danon s'est ainsi prononcé contre un État palestinien et a prôné la construction dans un projet de colonisation controversé qui couperait la Cisjordanie en deux, compromettant la viabilité d'un État palestinien.

L'ex-ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman est allé jusqu'à affirmer que Mahmoud Abbas n'était pas un partenaire pour Israël.

Responsabilité de l'échec de Kerry

Dans l'autre camp, Tzipi Livni, la ministre de la Justice chargée des négociations de paix avec les Palestiniens gelées depuis trois ans, a dénoncé la progression de ces idées au gouvernement.

«Le premier ministre doit décider s'il laisse le "danonisme" (en référence à M. Danon, NDLR) dominer le gouvernement», a prévenu Mme Livni, la seule ministre à avoir fait de la relance des négociations avec les Palestiniens sa priorité.

Yaïr Lapid, le ministre des Finances et chef du deuxième parti de la coalition,  Yesh Atid (centre droit), s'est pour le moment rangé du côté du premier ministre et préfère se concentrer sur les questions économiques et sociales.

Confronté à une telle cacophonie et aux pressions américaines, M. Nétanyahou doit louvoyer.

«La véritable épreuve de force avec l'aile droite de la majorité ne s'engagera pas sur l'ouverture de négociations, mais sur des décisions concrètes comme un éventuel gel total de la colonisation», exigé par les Palestiniens pour reprendre le dialogue, explique à l'AFP Hanan Crystal, commentateur politique de la radio publique.

Selon le quotidien Maariv, le premier ministre pourrait consentir à des «gestes de bonne volonté» comme la libération de prisonniers palestiniens ou un gel partiel de la colonisation.

Mais pour la radio militaire «une nouvelle fois, Nétanyahou et Abbas risquent de se livrer au petit jeu d'échanges d'accusations», l'essentiel étant de ne pas porter la responsabilité de l'échec des efforts américains.

«Les Palestiniens font tout ce qui est en leur pouvoir pour que les efforts de M. Kerry réussissent car il est dans notre intérêt de mettre fin à l'occupation. Mais Israël tente par tous les moyens de saboter ses efforts», a dit le négociateur palestinien Saëb Erakat.