Le ministre israélien de l'Économie et chef du parti nationaliste religieux Foyer juif, Naftali Bennett, a exclu lundi l'idée d'un État palestinien, évoquée dans le cadre d'un règlement permanent du conflit.

«L'idée qu'un État palestinien sera créé sur la terre d'Israël est dans une impasse», a déclaré M. Bennett, utilisant le terme biblique qui désigne la zone comprenant aujourd'hui l'État d'Israël et la Cisjordanie.

«Jamais, dans l'histoire d'Israël, autant de gens n'ont investi autant d'énergie dans quelque chose d'aussi inutile», a-t-il déclaré lors d'une conférence du conseil de Yesha, l'organisation représentant les colons de Cisjordanie à Jérusalem, dans des déclarations diffusées par la radio.

«Le plus important pour la terre d'Israël est de construire, construire, et construire», a ajouté Naftali Bennett, dont le parti soutient la colonisation des Territoires palestiniens.

Le négociateur palestinien Saëb Erakat a réagi en accusant dans un communiqué «Israël d'avoir officiellement déclaré la mort de la solution à deux États».

«Plusieurs hauts responsables israéliens» ces derniers jours ont «fait des déclarations claires sur leur intention de travailler activement contre la solution à deux États adoptée internationalement fondée sur la frontière de 1967», a-t-il souligné.

«Ce ne sont pas des événements isolés, mais une réaffirmation de programmes politiques et de convictions radicales», a estimé M. Erakat, reprochant au premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou d'appliquer cette politique sur le terrain et à son gouvernement d'être «déterminé à faire échouer (les efforts du secrétaire d'État américain John) Kerry» en vue d'une reprise des négociations.

Le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina, a pour sa part «appelé le gouvernement israélien à clarifier sa position sur les déclarations» de M. Bennett.

«Ces déclarations ne sont pas seulement un message à l'administration du président américain Barack Obama, qui fait des efforts constants pour relancer le processus de paix, mais aussi un défi et un rejet clair de tous les efforts pour tenter de sauver ce qui peut l'être», a affirmé M. Abou Roudeina à l'agence officielle Wafa.

M. Abbas a reçu lundi à Ramallah (Cisjordanie) le ministre canadien des Affaires étrangères John Baird, auquel il a «affirmé l'engagement de la partie palestinienne à parvenir à une paix globale et juste en vertu du principe d'une solution à deux États pour la création d'un État palestinien sur les frontières de 1967 avec Jérusalem comme capitale», selon Wafa.

Cette prise de position intervient après que le premier ministre Benyamin Nétanyahou a dû publiquement la semaine dernière réitérer son soutien aux efforts du secrétaire d'État américain John Kerry pour parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens.

«Cet accord sera fondé sur un État palestinien démilitarisé qui reconnaît l'État juif, et sur des mesures de sécurité fermes, assurée par l'armée israélienne», a déclaré M. Nétanyahou, à la suite des propos de son vice-ministre de la Défense Danny Danon selon lesquels le gouvernement ne soutiendrait pas une solution à deux États.

M. Bennett a également critiqué la réticence des dirigeants israéliens à affirmer que la Cisjordanie appartenait au «peuple d'Israël». «Il n'y a jamais eu d'État palestinien ici, et nous n'avons jamais été des occupants, nous sommes ici chez nous», a-t-il estimé.

Le ministre, ancien président de Yesha, entré au gouvernement à l'issue des élections de janvier, a toujours exprimé son opposition à une solution à deux États.