Vingt-huit personnes ont péri dimanche dans une série d'attaques ciblant principalement les forces de sécurité et la majorité chiite en Irak, où la flambée de violences et la paralysie politique font craindre un retour au conflit confessionnel ouvert.

Au total, dix véhicules piégés ont explosé dimanche matin à l'heure de pointe dans huit villes chiites du sud du pays, faisant 23 morts et une centaine de blessés, selon des responsables médicaux et de sécurité.

Dans le nord de l'Irak, trois policiers ont également été abattus par balle près de la ville majoritairement sunnite de Mossoul et une bombe sur la route a tué deux personnes à Touz Khourmatou.

Ces attaques n'ont pas été revendiquées, mais des groupes sunnites liés à Al-Qaïda mènent régulièrement des attaques coordonnées de ce type contre les chiites, qu'ils considèrent comme des apostats.

Les attentats les plus meurtriers ont visé Kout et Aziziyah. À Kout, à 160 km au sud de Bagdad, une voiture piégée a tué 7 personnes devant un restaurant dans une zone industrielle où des automobilistes viennent faire réparer leurs véhicules.

Une autre voiture piégée a explosé près d'une mosquée chiite et du marché principal d'Aziziyah, faisant 5 morts.

«Le café et la rue devant sont recouverts de sang», a expliqué Hicham Shadhan, fils d'un tenancier de café dont l'établissement a été fortement endommagé par l'attaque.

«La voiture était garée juste à côté du café et lorsqu'elle a explosé, toute la façade a été détruite, plusieurs voitures se sont enflammées et il y a aussi eu de gros dégâts sur des boutiques alentour», a-t-il précisé.

La force de l'explosion a retourné plusieurs véhicules et des fragments d'explosif jonchaient le sol après l'attentat, mais les autorités ont rapidement nettoyé les lieux, selon un journaliste de l'AFP.

Dans la ville portuaire de Bassora (sud), un double attentat à la voiture piégée a tué cinq personnes, dont un artificier qui tentait de désamorcer l'une des voitures.

Six autres personnes ont péri et des dizaines d'autres ont été blessées dans des attaques à Nassiriyah, Mahmoudiyah, Najaf, Madain et Jbela dans le sud de l'Irak.

Dans le nord, trois policiers ont été tués des échanges de tirs à Mossoul, et une bombe a tué deux personnes à Touz Khourmatou, ville multiethnique située dans une région que se disputent le pouvoir central et les autorités de la région autonome du Kurdistan irakien.

L'Irak connaît depuis le début de l'année un regain de violences qui va en parallèle avec la mobilisation sunnite contre le gouvernement.

Les groupes armés sunnites liés à Al-Qaïda cherchent à décrédibiliser les autorités, dominées par les chiites, et à saper la confiance des habitants dans les forces de sécurité.

Ces groupes s'en sont aussi déjà pris à leurs coreligionnaires sunnites, dans l'espoir de susciter un esprit de revanche et de nouvelles violences contre des chiites.

Les sunnites réclament le départ du premier ministre chiite Nouri al-Maliki ainsi que la fin de la discrimination dont ils s'estiment victimes.

En mai, plus d'un millier de personnes ont péri dans des attentats, le mois le plus meurtrier depuis 2008, selon les Nations unies.

Leur représentant dans le pays, Martin Kobler, a estimé que l'Irak était «prêt à exploser» et à renouer avec le conflit confessionnel des années 2006-2007.

Au mouvement de grogne sunnite s'ajoute une paralysie totale des rouages politiques, qui attise les ardeurs des insurgés, selon les observateurs et les experts.

Début juin, M. Maliki et la plupart des responsables politiques et religieux du pays, dont son rival le président sunnite du Parlement Oussama al-Noujaïfi, avaient participé à une grande rencontre pour tenter d'apaiser les tensions. Mais la démarche symbolique n'avait pas permis de parvenir à un accord.