Deux des principaux candidats à l'élection présidentielle iranienne, Akbar Hachémi Rafsandjani et Esfandiar Rahim Mashaïe, n'ont pas été autorisés mardi à participer au scrutin du 14 juin qui devrait voir triompher un fidèle du régime.

M. Rafsandjani, un ex-président (1989 à 1997) âgé de 78 ans, ne fait pas partie de la liste de huit noms retenus par le Conseil des gardiens de la constitution, chargé de valider les candidatures parmi 686 personnalités enregistrées, et annoncée à la télévision lors du journal du soir.

Esfandiar Rahim Mashaïe, un proche du président sortant Mahmoud Ahmadinejad, a également été disqualifié, a ajouté la télévision, sans préciser les raisons de ces évictions.

La diplomatie américaine a jugé mardi que les huit candidats à la présidentielle de juin en Iran n'auraient probablement aucune légitimité populaire, critiquant ainsi l'éviction pour l'élection de deux principaux concurrents.

«Il semble que le Conseil non élu des gardiens (de la constitution) en Iran, qui n'est pas responsable devant le peuple iranien, ait disqualifié des centaines de candidats en s'appuyant sur de vagues critères», a commenté dans un courrier électronique adressé à l'AFP un porte-parole du département d'État, Patrick Ventrell.

Le Guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, est le seul habilité à désavouer le Conseil des gardiens de la constitution, organe de supervision des élections contrôlé par les conservateurs religieux.

«Je considère ma disqualification comme une injustice et je vais essayer de la réparer en faisant un recours auprès du Guide suprême», a réagi M. Mashaïe, cité par l'agence Fars. Un proche de M. Rafsandjani avait indiqué dans la journée que l'ex-président se plierait quant à lui à la décision du Conseil.

Les deux hommes étaient les bêtes noires des responsables ultraconservateurs, qui réclamaient leur éviction depuis l'enregistrement de leur candidature le 11 mai.

Ils reprochent notamment à M. Rafsandjani son soutien aux manifestations après la réélection controversée de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009. Ses deux mandats, marqués par la reconstruction du pays après la guerre Iran-Irak et une relative ouverture vers l'Occident, en faisaient le candidat «par procuration» des réformateurs, selon un diplomate occidental.

Esfandiar Rahim Mashaïe est pour sa part jugé trop éloigné de la ligne défendue par le Guide. Il paie aussi sa proximité avec le président Ahmadinejad, durement critiqué par les conservateurs lors de son second mandat.

Selon la Constitution, M. Ahmadinejad, un conservateur, ne peut briguer un troisième mandat successif.

La victoire devrait donc se jouer entre les candidats conservateurs. L'ex-chef de la diplomatie (1981-97) Ali Akbar Velayati, le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf et l'ancien président du Parlement Gholam Ali Haddad-Adel, sont en lice mais ils ont formé une coalition qui comporte un accord de désistement.

Parmi les autres heureux élus, l'actuel secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale et négociateur en chef du dossier nucléaire, Saïd Jalili, a le soutien des ultraconservateurs. Mohsen Rezaï, ancien responsable des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime, avait déjà été candidat en 2009.

La liste est complétée par les conservateurs modérés Hassan Rohani, négociateur du dossier nucléaire de Téhéran sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami (1997-2005) et Mohammad Gharazi, ancien ministre de M. Rafsandjani.

Les réformateurs n'auront qu'un prétendant, Mohammad Reza Aref, ancien ministre des Télécommunications de M. Khatami. Sans grande envergure politique, il avait annoncé qu'il se désisterait en faveur de M. Rafsandjani si celui-ci était autorisé à concourir.

Le camp réformateur apparaît très affaibli, quatre ans après les manifestations de grande ampleur contre la réélection de M. Ahmadinejad. Les deux candidats réformateurs, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, avaient dénoncé des fraudes massives lors du scrutin. Ils se trouvent aujourd'hui en résidence surveillée.

La campagne électorale débutera officiellement vendredi, pour se terminer le 13 juin. Elle devrait être dominée par la crise économique provoquée par le régime de sanctions mises en place par les grandes puissances. Celles-ci soupçonnent le programme nucléaire iranien de cacher un volet militaire, ce que nie Téhéran.