Le premier ministre de droite israélien Benyamin Nétanyahou a officiellement informé samedi le président Shimon Peres qu'il était parvenu à constituer un gouvernement juste avant le délai imparti et à quelques jours seulement de la visite historique de Barack Obama.

M. Nétanyahou avait signé vendredi des accords de coalition avec Yesh Atid, un mouvement de défense des classes moyennes dirigé par un ex-journaliste vedette de la TV, Yaïr Lapid, et le Foyer juif de Naftali Bennett, parti nationaliste religieux très proche des colons.

Le premier ministre sortant, reconduit en dépit d'une victoire étriquée lors des élections législatives du 22 janvier, avait obtenu un ultime délai du président Peres afin de présenter un nouveau cabinet avant le 16 mars.

«Je suis en mesure de former un gouvernement. Vous m'avez confié cette tâche et je l'ai conduite», a déclaré au chef de l'État israélien M. Nétanyahou, sorti affaibli des âpres marchandages qui ont traîné pendant 40 jours.

«Nous sommes face à une année décisive en termes de sécurité, d'économie et d'efforts en vue de faire progresser la paix» (avec les Palestiniens), a estimé M. Nétanyahou, qui entame son troisième mandat à la tête d'Israël.

Le nouveau gouvernement - dont la composition n'a pas encore été officiellement dévoilée - doit prêter serment devant la Knesset (Parlement) lundi, soit 48 heures à peine avant l'arrivée de M. Obama en Israël.

Le président des États-Unis n'a pas perdu de temps en exprimant immédiatement son désir de «travailler étroitement» avec le nouveau gouvernement israélien.

Félicitations d'Obama

«Le président Obama espère travailler étroitement avec le premier ministre et le nouveau gouvernement (israéliens) pour régler les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés et faire avancer notre intérêt commun pour la paix et la sécurité», selon un communiqué de félicitations de la Maison-Blanche.

Aux termes des accords de coalition qu'il a signés avec le centre et la droite extrême, le parti de Benyamin Nétanyahou, le Likoud (20 députés) prend le contrôle des portefeuilles clés de la Défense et de l'Intérieur.

«Bibi» Nétanyahou devrait s'occuper des Affaires étrangères en attendant la fin du procès pour abus de confiance de l'ex-titulaire Avigdor Lieberman, son allié électoral et leader du parti nationaliste Israël Beiteinou (11 élus).

Yesh Atid (19 élus) obtient le ministère des Finances - avec Yaïr Lapid comme grand argentier dans une conjoncture économique difficile - et ceux de l'Éducation et de la Santé.

Le Foyer juif (12 élus) a reçu les ministères du Commerce et de l'Industrie, ainsi que celui du Logement, qui supervise la construction controversée dans les colonies.

L'ex-ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, dont le nouveau parti centriste HaTnouha (6 élus) avait été le premier à signer avec M. Nétanyahou le 19 février, devient ministre de la Justice. Elle est également chargée des négociations de paix avec les Palestiniens dans «le but de parvenir à un accord politique qui mettra fin au conflit».

La prochaine majorité gouvernementale comptera donc 68 députés sur 120.

Les analystes prédisent déjà un troisième mandat ardu à M. Nétanyahou, qui devra composer avec «une coalition cauchemardesque», selon le titre en Une du quotidien Haaretz, après avoir dû renoncer à son alliance avec ses «alliés naturels», les partis ultra-orthodoxes du Shass (11 députés) et du Judaïsme Unifié de la Torah (7 députés), pour des partenaires plus turbulents.

Pour M. Nétanyahou, «Yaïr Lapid et Naftali Bennett représentent tous les dangers: ils sont jeunes, contemporains et populaires. Lui représente la vieille garde, eux la jeune», écrit l'analyste politique du quotidien de gauche. Il ne pourra «pas les acheter comme dans les coalitions précédentes, avec les allocations familiales et les donations aux écoles religieuses».