Des centaines de policiers israéliens ont évacué tôt dimanche matin un campement de militants palestiniens installés depuis deux jours sur le site d'un projet de colonisation juive controversé en Cisjordanie occupée, selon des témoins et l'AFP.

«Les forces israéliennes sont entrées dans le camp», dressé vendredi matin sur le site du projet E1, entre la Cisjordanie et Jérusalem-Est occupées, a confirmé à l'AFP une des organisatrices de cette manifestation, Abir Copty.

Environ 500 policiers et gardes-frontière, accompagnés de bulldozers, ont participé à l'opération qui a débuté vers 2 h 30, a précisé la police.

Selon Moustafa Barghouti, membre du Conseil législatif palestinien, présent sur place, «des centaines de policiers israéliens sont arrivés de toutes les directions, encerclant tous ceux qui étaient dans les tentes, et les arrêtant un par un».

Le porte-parole de la police israélienne, Micky Rosenfeld, a toutefois affirmé que les protestataires palestiniens avaient été «escortés» hors du site, mais pas mis aux arrêts. L'évacuation n'a fait aucun blessé, a dit M. Rosenfeld à l'AFP.

Plus de 200 Palestiniens assiégés refusaient d'obtempérer à un ordre israélien de quitter leur campement en dépit des menaces d'expulsion.

Samedi soir, à la fin du repos hebdomadaire juif, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, en pleine campagne électorale, avait ordonné aux forces de sécurité d'expulser immédiatement les Palestiniens qui sont rassemblés entre (la colonie de) Maalé Adoumim et Jérusalem».

M. Netanyahou avait requis la fermeture de toutes les routes d'accès au site du campement composé d'une vingtaine de tentes et installé dans la zone ultra-sensible E1, où le gouvernement israélien a récemment relancé un important projet de colonie. La région avait été décrétée «zone militaire interdite».

«Un nouveau type de résistance»

Les activistes palestiniens avaient dressé ce camp de tentes, baptisé «Bab al-Chams» (La porte du soleil), dans le cadre d'une stratégie «créative» de résistance non violente aux implantations et à l'occupation israéliennes. Il se voulait une réplique palestinienne des colonies sauvages israéliennes.

Vendredi, la police israélienne avait distribué des ordres d'expulsion aux militants, déclarant le secteur «zone militaire interdite». Mais les Palestiniens ont obtenu, par l'intermédiaire de leur avocat, une injonction de la Cour suprême israélienne gelant l'ordre.

Tout au long de la journée de samedi, dans une atmosphère bon enfant, les militants tentaient de se réchauffer en buvant du thé et du café. Ils brandissaient des drapeaux palestiniens et scandaient des slogans comme «La Palestine est libre» ou «À bas l'occupation».

«Israël défie le droit international depuis des décennies en érigeant des colonies illégales sur des terres volées et en rasant des maisons palestiniennes. Nous avons le droit de bâtir et de vivre sur notre terre», a commenté Abdallah Abou Rahmah, responsable du comité de coordination de lutte populaire, à l'origine de l'initiative.

«Nous, les Palestiniens, sommes toujours pessimistes, mais cette initiative nous donne des raisons d'être optimistes», a déclaré à l'AFP Omar Jhassan, 27 ans, venu de Ramallah passer la journée dans le camp. «C'est un nouveau type de résistance différent de la résistance armée ou des jets de pierre».

Le projet dans la zone E1 relierait l'implantation israélienne de Maalé Adoumim à des quartiers de colonisation juive à Jérusalem-Est et couperait en deux la Cisjordanie, compromettant la viabilité d'un État palestinien.

La communauté internationale considère illégales toutes les colonies israéliennes et ne reconnaît pas l'annexion en 1967 de Jérusalem-Est, où les Palestiniens veulent établir la capitale de l'État auquel ils aspirent.