Plusieurs milliers de Palestiniens manifestaient jeudi à Naplouse, en Cisjordanie, à l'occasion du 25e anniversaire de la fondation du mouvement islamiste Hamas et de la «victoire» sur Israël à Gaza, ont constaté des journalistes de l'AFP.  

C'est la première fois depuis la division entre la Cisjordanie et la bande de Gaza en 2007 que l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas autorise le Hamas, au pouvoir à Gaza, à célébrer son anniversaire dans le territoire qu'elle contrôle.

Avant que le cortège ne s'ébranle de la mosquée Al-Nasser, dans la Vieille ville, vers le centre, des jeunes se disputaient des drapeaux verts, emblème du mouvement islamiste palestinien.

Pour l'un d'entre eux, Youssef Qtechat, un adolescent venu avec toute sa famille, dont un cousin a été tué par l'armée israélienne en 2003, «c'est un grand jour grâce à la victoire à Gaza», en référence aux récentes hostilités avec Israël (14-21 novembre).

Les manifestants portaient pour la plupart des écharpes et des casquettes vertes.

Sur des pancartes tenues par des femmes voilées, on pouvait lire des slogans en soutien au Hamas et à sa branche armée comme «Le djihad est notre voie» et «la bataille (de Gaza) est le chemin de la libération».

Certains manifestants tenaient des répliques en bois de roquettes tirées par le Hamas à partir de la bande de Gaza vers le territoire israélien, alors que de la marée de drapeaux verts émergeaient quelques drapeaux arabes, comme celui de l'Égypte et de la rébellion syrienne.

D'autres scandaient : «Nous sommes avec le Hamas, tu es le canon et nous sommes les munitions».

À la tribune, le secrétaire général du Conseil révolutionnaire du Fatah, qui gouverne la Cisjordanie, Amine Maqboul, a salué «le Hamas qui a donné des milliers de martyrs, de prisonniers et de blessés pour la Palestine».

«Il y aura bientôt une rencontre au Caire entre Abou Mazen (Mahmoud Abbas) et (le chef en exil du Hamas) Khaled Mechaal pour parachever la réconciliation et ce sera un jour historique», a-t-il assuré à l'assistance.

Un député de la majorité islamiste Hamas, Hosni al-Bourini, a pour sa part indiqué à l'AFP «demander à l'Autorité palestinienne d'intensifier ses efforts pour l'unité nationale» et permettre au Conseil législatif de se réunir pour délibérer».

Heurts à Hébron

Des heurts ont éclaté jeudi à Hébron, en Cisjordanie, en marge des funérailles d'un adolescent palestinien tué mercredi soir par une garde-frontière israélienne, qu'il avait menacée avec un faux pistolet selon la police israélienne, a constaté l'AFP.

Plus de 2000 personnes ont participé aux funérailles de Mohamed Ziad Salayma, âgé de 16 ans.

Des affrontements ont eu lieu entre protestataires palestiniens et forces de sécurité israéliennes avant et après les obsèques. Trois Palestiniens ont été blessés par des balles caoutchoutées tirées par les soldats israéliens, alors que 25 autres ont souffert de suffocations dues aux gaz lacrymogènes.

Un porte-parole de l'armée israélienne a indiqué à l'AFP que l'armée avait dispersé des manifestants qui jetaient des pierres.

Des heurts s'étaient déjà produits peu après la mort de l'adolescent, tué par balle mercredi soir près d'un point de contrôle israélien dans la vieille ville de Hébron.

«Un Palestinien s'est approché d'un poste tenu par des gardes-frontières (qui appartiennent à la police, NDLR). L'un d'eux lui a demandé ses papiers d'identité. Le Palestinien l'a alors attaqué et a sorti un pistolet qu'il a dirigé vers sa tête. Un garde-frontière se trouvant à proximité a alors tiré et tué le Palestinien», avait affirmé une porte-parole de la police.

«Par la suite, des artificiers de l'armée ont constaté que le pistolet était en fait un jouet en métal», a-t-elle ajouté.

L'oncle de la victime, Nasser al-Salayma a affirmé à l'AFP que la version israélienne de la mort de son neveu était «inventée».

D'autres proches du jeune homme ont raconté qu'il était en route pour acheter un gâteau d'anniversaire lors de l'incident.

Peu de temps après, des activistes palestiniens ont identifié la garde-frontière qui a tiré sur Mohamed Salayma et diffusé sa photo sur des réseaux sociaux, en la qualifiant de «terroriste».

De leur côté, des Israéliens ont publié sa photo, saluant son «geste héroïque».

La jeune femme, interrogée par le quotidien anglophone Jerusalem Post a affirmé qu'elle n'avait aucun doute sur les intentions du Palestinien.

«Pour moi, il s'agissait d'un véritable pistolet pointé sur un soldat et c'était ma responsabilité d'agir afin de sauver sa vie», a-t-elle raconté.

«Je suis contente que cet incident se soit terminé sans blessé de notre côté et convaincue que tout officier dans cette situation aurait agi de la même manière», a-t-elle ajouté.

Quelque 190 000 Palestiniens vivent à Hébron, la plus grande ville palestinienne de Cisjordanie, dans un climat de tension avec 600 colons installés dans une enclave au coeur de la cité, ainsi que 6500 autres habitant l'implantation de Kiryat Arba, à sa périphérie.