Une soixante de prélèvements a été effectuée mardi sur la dépouille de Yasser Arafat à Ramallah, et répartis ensuite pour analyse entre les trois équipes d'enquêteurs, rapporte dimanche le chef de l'équipe suisse, dans un entretien au journal Le Matin Dimanche.

Le professeur Patrice Mangin, directeur du Centre universitaire romand de médecine légale de Lausanne indique que le médecin légiste palestinien, seul à toucher le corps, a pu «effectuer tous les prélèvements souhaités. En tout une soixantaine».

Trois équipes sont responsables de cette enquête sur l'éventualité d'un empoisonnement du dirigeant historique palestinien, décédé il y huit ans: une équipe française suite à la plainte déposée en France par sa veuve, Souhah Arafat, une équipe suisse et une équipe russe sollicitées par l'Autorité palestinienne.

«Chaque équipe dispose maintenant d'une vingtaine d'échantillons similaires. Il y a eu trois types de prélèvements: les premiers pour déterminer l'identité du corps, les seconds pour confirmer l'hypothèse de la présence suspecte de polonium 210 et les troisièmes pour des investigations à visée technologique», a déclaré M. Mangin.

Une présence anormalement élevée de polonium, une substance radioactive toxique, avait été trouvée par le laboratoire de Lausanne dans des effets personnels d'Arafat qu'il avait lors de son hospitalisation en France et qui avaient été soumis à examen par sa veuve dans le cadre d'une enquête de la chaine arabe Al Jazeera.

Par respect, la dépouille n'a pas été déplacée au cours de ces opérations et une seule image a été prise par le photographe officiel palestinien pour être versée au dossier, a indiqué le scientifique suisse.

Celui-ci table sur trois à quatre mois de travail pour arriver à un résultat. «Pour l'instant aucune analyse n'a encore commencé. Chacun transmettra ses résultats à son mandataire, l'Autorité palestinienne pour les Russes et nous, la justice française pour les Français. Ça ne m'étonnerait pas que les Suisses soient sollicités pour une synthèse».

Quand on lui demande ce qu'il se passera si ces nouvelles analyses ne confirmaient pas les premiers résultats de son laboratoire, le professeur Mangin assure que ses services «ont toujours été très clairs. Nous n'avons jamais prétendu qu'il y avait empoisonnement. Nous avons seulement constaté des valeurs anormales qui nécessitaient d'autres investigations. Nous continuerons sur cette ligne claire».

Si les prélèvements effectués confirment la thèse de l'empoisonnement, les dirigeants palestiniens saisiront la Cour pénale internationale (CPI), avait annoncé le président de la commission d'enquête palestinienne Taoufiq Tiraoui.