Dans les premiers discours de sa visite au Liban, Benoît XVI a réclamé hier la «liberté de religion» et la «pleine citoyenneté» pour les chrétiens du Moyen-Orient. Il a affirmé qu' «un Moyen-Orient sans chrétiens, ou avec peu de chrétiens, ne serait plus le Moyen-Orient» et deviendrait «monochromatique», en référence à l'exode de 80 % à 90 % des chrétiens, qui depuis 20 ans, ont fui l'Irak.

L'accueil réservé au pape Benoît XVI est enthousiaste, même chez les musulmans, ont observé les journalistes qui l'accompagnent. Le vaticaniste John Allen de l'hebdomadaire catholique américain The New Catholic Reporter rapporte que le Hezbollah chiite avait accroché le long de la route une bannière où était inscrite «Bienvenue au pays de la coexistence» - et une autre en arabe qui évoquait le «pays de la résistance», en référence à Israël.

À l'aéroport, le pape a déclaré que le Printemps arabe était «une chose positive», une déclaration inédite et controversée pour plusieurs Églises orientales, qui relèvent que les attaques contre les chrétiens ont augmenté en Irak après la chute de Saddam Hussein et en Égypte après celle de Hosni Moubarak.

Les chrétiens formaient 20 % de la population du Moyen-Orient voilà 100 ans, 5 % maintenant et pourraient baisser à 1 % ou 2 % d'ici 2020, en grande partie à cause de l'émigration, selon le Vatican.

Par contre, une nouvelle souche de christianisme naît dans le Golfe, à la faveur du recours à la main-d'oeuvre philippine - un million de travailleurs - par les riches producteurs de pétrole. C'est à eux en particulier que Benoît XVI faisait référence avec sa dénonciation du statut de «citoyens ou croyants de seconde classe».

Le pape a qualifié le Liban de «modèle pour les habitants de la région et du monde», parce que ses 18 groupes religieux différents, à 40 % chrétiens, partagent le pouvoir tant bien que mal depuis la fin de la guerre civile en 1991. Il a dénoncé les musulmans qui voient les appels au respect des droits de l'homme comme du colonialisme.