Une surprise attendait les Israéliens à leur réveil, hier matin: pendant la nuit, un gouvernement d'union nationale avait été formé. Les 28 députés du principal parti de l'opposition se sont joints à la coalition au pouvoir. La motion pour devancer les élections de plus d'un an a été annulée.

Shaul Mofaz, chef de Kadima, s'est engagé à appuyer le premier ministre Benyamin Nétanyahou jusqu'à la fin de son mandat, en octobre 2013. Il devrait être nommé vice-premier ministre.

Il y a moins de six semaines, en prenant la tête du parti, il avait nié les rumeurs voulant qu'il se joigne à la coalition. Il avait affirmé au contraire son intention de déloger le premier ministre. Mais selon les sondages, le parti aurait perdu plus de la moitié de ses sièges en cas d'élections. Sa dernière volte-face n'a en rien atténué son image de politicien opportuniste et lui a attiré des critiques hier.

Benyamin Nétanyahou ressort comme le grand vainqueur de cette tractation. «Bibi Nétanyahou [NDLR : surnom du premier ministre] est un génie, dit la politologue Efrat Knollet. Je n'aime pas son idéologie, mais il prouve qu'il est un superpoliticien.»

En ralliant Kadima, une formation décrite comme de centre droit, le premier ministre s'assure d'un meilleur équilibre de la coalition et d'une confortable majorité, avec 94 des 120 sièges. Les partis de la droite plus radicale perdent la balance du pouvoir. Si les 16 députés de partis religieux quittaient le navire après la révision de la loi Tal, qui permet aux ultraorthodoxes d'être exemptés du service militaire obligatoire, le gouvernement resterait bien en place.

Budget

Nétanyahou n'a plus à craindre les décisions impopulaires en pleine campagne électorale. Son prochain budget devrait être adopté sans problème à la Knesset malgré les coupes prévues.

Hier, des manifestations s'organisaient contre l'entente. La coalition est une des plus larges de l'histoire et, à ce titre, «elle peut prendre des décisions dommageables sur n'importe quelle politique économique, a souligné Yonatan Levi, l'un des organisateurs des manifestations. C'est dangereux. Il n'y a pratiquement plus d'opposition et c'est aux citoyens d'agir». Le jeune homme de 27 ans était l'un des leaders du mouvement social contre le coût de la vie qui a secoué le pays l'été dernier. Il a qualifié Shaul Mofaz de «menteur», rappelant que l'ancien ministre de la Défense s'était engagé récemment à défendre les enjeux sociaux.