Des colons israéliens se sont installés dans la nuit de mercredi à jeudi dans une maison du secteur sous contrôle israélien jouxtant la partie palestinienne de la Vieille ville de Hébron, en Cisjordanie occupée, a constaté un journaliste de l'AFP.

Six familles de colons se sont installées au deuxième étage non habité de cette maison dont ils revendiquent la propriété, le premier étage étant occupé par les membres de la famille du propriétaire palestinien, Taleb Abou Radjeb.

Ce dernier a vendu cette maison il y a six mois à un Palestinien originaire de Gaza, a indiqué à l'AFP son cousin, Ali Abou Radjeb, qui en occupe le premier étage avec les huit membres de sa famille.

«Dans la nuit, à une heure et demie, j'ai entendu du bruit et vu les colons. Escortés par l'armée qui nous a enfermés, ils ont forcé la porte principale et apporté leur mobilier», a raconté à l'AFP Montasser Abou Radjeb, un membre de cette famille.

La maison en question se trouve à quelques dizaines de mètres du Caveau des Patriarches, important lieu saint vénéré à la fois par le judaïsme et l'islam.

Interrogée par l'AFP, une porte-parole de l'armée israélienne a confirmé que «des colons juifs se sont installés dans une maison de la Vieille ville de Hébron en arguant de titres de propriété contestés» par les Palestiniens.

«Le secteur a été décrété «zone militaire» interdite d'accès, et des soldats ont pris position sur place pour préserver le calme», a-t-elle ajouté. Cette zone s'étend sur un rayon de 200 mètres autour de la maison, a constaté l'AFP.

Le porte-parole de la police israélienne Micky Rosenfeld a également indiqué à l'AFP que «des policiers ont été dépêchés sur place pour vérifier le statut juridique de la maison et les titres de propriété qui font apparemment l'objet d'un litige».

«Cette maison a été achetée légalement. La justice doit reconnaître la légalité de cet achat. Je ne comprends pas pourquoi on remet en question le droit des juifs de vivre dans leur patrie. J'attends du gouvernement qu'il soutienne les propriétaires légaux», a déclaré à l'AFP Danny Dayan, le président de Yésha, la principale organisation représentative de colons.

«Il est temps de récupérer toutes les maisons juives de Hébron volées par l'ennemi», a commenté le député du parti d'extrême droite nationaliste Union nationale, Michaël Ben Ari.

Quelque 170 000 Palestiniens vivent à Hébron, la plus grande ville palestinienne de Cisjordanie. L'armée israélienne s'est retirée en 1998 de la plus grande partie de cette ville.

Hébron est le théâtre de tensions permanentes entre Palestiniens et Israéliens en raison de la présence de quelque 600 colons installés dans un réduit au coeur de la cité, tandis que 6500 autres habitent l'implantation de Kyriat Arba située à sa périphérie.

Cette affaire survient à la veille des manifestations annuelles pour la «Journée de la terre», qui commémore la répression sanglante le 30 mars 1976 par l'armée israélienne de protestations dans le nord d'Israël contre la confiscation de terres arabes.

«Comme chaque année à l'occasion de cet évènement, nos forces ont été placées en état d'alerte avancé. Nous prenons nos dispositions en coordination avec l'armée et les garde-frontières», a précisé M. Rosenfeld.