Sept soldats américains ont été blessés quand des hommes participant à une manifestation antiaméricaine, après l'incinération de Corans dans une base américaine, ont jeté une grenade sur un camp de l'OTAN dans la province de Kunduz (nord), selon des sources concordantes.

«Les manifestants ont jeté une grenade sur une base des forces spéciales dans la ville d'Imam Sahib. En conséquence, sept Américains membres des forces spéciales ont été blessés», a déclaré à l'AFP Abdul Shukoor Fedawi, chef de la police du district d'Imam Sahib.

Cinq protestataires suspectés d'avoir pris part à l'incident ont été arrêtés, a précisé M. Fedawi, ajoutant que quinze policiers avaient été blessés lors d'autres violences dans son district.

Un porte-parole de l'Isaf, interrogé par l'AFP, a reconnu «une explosion à l'extérieur d'une de ses installations dans le nord de l'Afghanistan en début d'après-midi», ajoutant que des officiers de la coalition «rassemblaient des détails» sur l'incident, sans plus de précision.

Le district d'Imam Sahib a été le seul district d'Afghanistan où des violences mortelles ont été recensées dimanche. «Un homme est mort et sept manifestants blessés ont été amenés d'Imam Sahib», a indiqué une source hospitalière.

Cinq personnes ont perdu la vie et 66 ont été blessées, dont 11 policiers, samedi dans l'attaque d'un complexe de l'ONU dans la capitale, Kunduz, de cette même province.

Dans la province voisine de Samagan, deux blessés sont à déplorer lors d'un rassemblement qui a duré une heure à Aybak, la capitale provinciale, a déclaré à l'AFP le gouverneur, Khairullah Anosh.

Ces nouvelles victimes portent le bilan des manifestations antiaméricaines à 30 morts et environ 200 blessés.

Karzaï lance un appel au calme à la télé

Avant cet attentat à la grenade contre un camp de l'OTAN, le président afghan Hamid Karzaï avait lancé dimanche un appel au calme à la télévision.

L'intervention de M. Karzaï, qui avait déjà appelé au calme par communiqué à plusieurs reprises depuis le début des violences, intervient au lendemain du meurtre de deux conseillers militaires américains, tués samedi au ministère de l'Intérieur à Kaboul dans une fusillade revendiquée par les talibans qui l'ont liée à l'incinération des corans.

Le président afghan a «fortement condamné» l'incinération des Corans, soulignant qu'il «respectait les sentiments des gens, qu'ils avaient raison et qu'ils devaient être respectés», mais a insisté qu'il était «maintenant l'heure d'être calme et pacifique».

Après près d'une semaine de violences, l'apparition télévisée du président, diffusée par différentes chaînes afghanes dimanche, était fortement attendue par la coalition de l'Otan, qui combat depuis dix ans en Afghanistan aux côtés du gouvernement de M. Karzaï mais dont les relations avec lui sont très dégradées.

«Les manifestations ont malheureusement fait des victimes. Nous avons demandé aux forces de sécurité d'être attentives», a lancé le président afghan, avant que des violences soient enregistrées dans le pays dimanche.

M. Karzaï a rappelé qu'il souhaitait que les responsables de l'incinération d'exemplaires du Coran soient «punis», assurant «suivre de près» l'affaire.

Le chef de l'Etat s'est également dit «désolé» pour la mort de «deux officiers américains» dans l'enceinte du ministère de l'Intérieur samedi. «Maintenant, qui était le tireur, était-il Afghan ou étranger, rien n'est connu à l'heure qu'il est», a-t-il dit.

Selon un responsable du ministère de l'Intérieur, un policier des services de renseignement du ministère est le principal suspect dans cette affaire et est en fuite.

Les talibans ont eux revendiqué l'assassinat de quatre conseillers au ministère de l'intérieur par «un héros» qui a agi «en réaction au manque de respect des envahisseurs pour les objets sacrés de l'islam», notamment après «l'incinération de Corans dans la base de Bagram», au nord de Kaboul.