Au moins 19 personnes ont péri dans l'effondrement d'un vieil immeuble à Beyrouth, un bilan qui risque de s'alourdir au moment où des voix s'élevaient lundi contre la négligence des autorités.

«Nous avons retiré 19 corps jusqu'à présent», a affirmé à l'AFP le directeur général de la Défense civile, le général Raymond Khattar, selon un dernier bilan du drame survenu dimanche soir.

Il s'agit de sept Libanais, six Soudanais, deux Égyptiens, deux ressortissants philippins, et deux autres non encore identifiés.

«Nous estimons qu'environ 16 personnes se trouvent encore sous les décombres», a indiqué le général Khattar.

Le bilan ne cesse de s'alourdir plusieurs heures après que cet ancien immeuble délabré s'est écroulé dans le quartier chrétien d'Achrafieh, dans l'est de la capitale libanaise.

Selon les estimations des autorités, une cinquantaine de personnes, essentiellement des Libanais et des ouvriers soudanais et égyptiens y résidaient. Au moins huit des habitants avaient quitté le bâtiment avant le drame.

Les opérations de sauvetage qui ont duré toute la nuit se poursuivent alors que la pluie commençait à tomber en début d'après-midi. Elles sont menées avec l'aide de chiens, sous l'oeil des voisins et des proches des habitants de l'immeuble.

Vêtus de noir, beaucoup pleuraient, priaient ou semblaient complètement abattus, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Un ouvrier syrien travaillant sur un chantier en face de l'immeuble a raconté avoir assisté à l'effondrement: «En début de soirée, de petits fragments de pierre ont commencé à tomber, mais personne n'y a prêté attention. Puis de grosses pierres sont tombées, les gens ont commencé à crier «Sortez! Sortez!». En quelques minutes, l'immeuble était par terre».

«C'était comme un tremblement de terre», a dit un autre témoin.

Une habitante qui a pu s'échapper avec sa mère, mais dont le père et les trois frères étaient toujours sous les décombres a affirmé à la télévision que l'immeuble était tellement délabré que le propriétaire avait mis les résidants en garde peu avant la catastrophe.

La cousine de cette habitante, arrivée en pleurs sur les lieux avec ses enfants, s'en est prise aux autorités: «Regardez tous ces vieux immeubles autour de nous, demain, quand d'autres gens mourront, l'État réagira!»

«Où sont les responsables? Ils pensent à nous juste au moment des élections, quand ils ont besoin de notre vote!» s'exclame la proche d'une autre victime.

«Ils sont venus inspecter les pierres, mais personne n'a contacté les familles», s'insurge Melissa, dont la soeur Élise a quitté l'immeuble où vit son fiancé juste avant l'effondrement. Le fiancé est l'un de ses trois frères sont portés disparus.

Le président de la République Michel Sleimane, le ministre de l'Intérieur Marwan Charbel et plusieurs députés se sont rendus sur place dimanche soir.

Les effondrements d'immeubles ne sont pas fréquents au Liban, mais le pays compte de nombreux bâtiments anciens fragilisés par des étages construits de manière illégale.

M. Charbel a affirmé qu'une enquête était en cours et que le propriétaire de l'immeuble avait été détenu pour interrogatoire. Les pluies torrentielles qui se sont abattues sur le Liban ces derniers jours semblent avoir aggravé l'état de l'immeuble.

Selon le chef de la municipalité de Beyrouth, Bilal Hamad, un comité sera mis en place pour recenser les immeubles à risque.