Un mandat d'arrêt a été lancé lundi à l'encontre du vice-président irakien Tarek al-Hachémi, au moment où le pays est plongé dans une grave crise politique peu après le départ des troupes américaines d'Irak.

Selon des responsables de la Sécurité et de la Justice, un comité judiciaire constitué de cinq membres a lancé lundi un mandat d'arrêt à l'encontre de Tarek al-Hachémi, conformément aux «lois anti-terroristes».

Ce comité avait déjà imposé à M. Hachémi une interdiction de voyager à l'étranger.

L'annonce du mandat d'arrêt est survenue alors que la télévision publique Al-Iraqiya diffusait des images montrant selon le ministère de l'Intérieur des gardes du corps de M. Hachémi avouant qu'ils planifiaient et commettaient des attentats, et recevaient des fonds et un soutien du vice-président.

Au moins 13 des gardes du corps de M. Hachémi ont été arrêtés au cours des dernières semaines, mais on ignore combien sont toujours en détention.

Le bloc laïque Iraqiya, de l'ancien premier ministre Iyad Allaoui, a annoncé lundi qu'il allait boycotter le gouvernement, deux jours après avoir suspendu sa participation aux travaux du Parlement.

«Iraqiya a décidé aujourd'hui de boycotter les réunions du gouvernement», a annoncé le vice-premier ministre irakien et dirigeant de ce bloc, Saleh Moutlak, protestant contre la «dictature» du premier ministre Nouri al-Maliki.

Un bras de fer opposait ces derniers jours le premier ministre chiite Nouri al Maliki au bloc parlementaire laïque Iraqiya, dont fait partie M. Hachémi.

M. Maliki a réclamé par ailleurs la tête du vice-premier ministre Saleh Moutlak qui l'avait traité à la télévision de «dictateur pire que Saddam Hussein». Les députés doivent se pencher sur cette question le 3 janvier, selon un responsable du Parlement.

MM. Hachémi et Saleh Moutlak, tous deux sunnites sont membres d'Iraqiya, dirigé par l'ancien premier ministre Iyad Allaoui.

Le bureau de M. Hachémi s'est plaint de «harcèlement» lundi, évoquant plusieurs incidents, dont le fait que sa maison est encerclée par les forces de sécurité depuis plusieurs semaines.

Dans ce contexte, un appel de détresse a été lancé lundi soir par le dirigeant kurde irakien Massoud Barzani qui a pressé les protagonistes politiques dans son pays de se réunir d'urgence pour éviter un effondrement de leur gouvernement d'union nationale.

«La situation s'achemine vers une crise profonde qui menace notre partenariat politique, c'est pourquoi nous appelons à une réunion d'urgence pour éviter l'effondrement du processus politique», a dit M. Barzani qui n'a pas fixé de date à cette réunion.

Avec 82 députés, Iraqiya est le second groupe parlementaire derrière l'Alliance nationale, coalition des partis religieux chiites (159 élus).

Dans un communiqué samedi, Iraqiya a dressé un violent réquisitoire contre le premier ministre Maliki.

«Iraqiya refuse la politique consistant à agir en ignorant les autres partis politiques, la politisation de la justice, l'exercice solitaire du pouvoir, la violation de la loi», assurait le communiqué.

Selon la formation, «cette manière d'agir pousse les gens à vouloir se débarrasser de la main de fer du pouvoir central d'autant que la Constitution les y autorise», faisant allusion aux récents votes en faveur de l'autonomie des provinces à majorité sunnite d'Anbar, Salaheddine et Diyala.

Iraqiya accuse également M. Maliki d'avoir «placé des chars et des véhicules blindés devant les résidences de dirigeants d'Iraqiya dans la Zone verte», secteur ultra-protégé où vivent les principaux chefs politiques du pays et où sont situés notamment les bureaux du chef du gouvernement ainsi que les ambassades des États-Unis et de Grande-Bretagne.