Des représentants de la Ligue arabe ont eu une «rencontre franche et amicale» avec le président Bachar el-Assad mercredi, a affirmé la télévision d'État syrienne en citant le chef de la délégation, arrivée à Damas pour tenter de trouver les moyens d'établir un dialogue entre le régime et l'opposition.

Ses chances de réussite semblent cependant minces, les leaders des manifestations en cours depuis mars refusant toute discussion avec les autorités tant que la répression du soulèvement se poursuivra. Selon des estimations de l'ONU, plus de 3000 personnes ont été tuées depuis le début de la révolte.

Mercredi, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme basé à Londres a déclaré qu'au moins 15 civils avaient été tués dans la journée dans des opérations militaires, dont 12 à Homs, dans le centre du pays. Les comités locaux de coordination, autre groupe militant, ont aussi fait état de la mort de 15 personnes tuées en Syrie.

La rencontre entre la délégation de la Ligue arabe et le président syrien est intervenue quelques heures après le rassemblement de dizaines de milliers de personnes sur une place de Damas, pour une manifestation de soutien à Bachar el-Assad. «Le peuple veut Bachar el-Assad», scandaient les manifestants, brandissant des drapeaux syriens et des portraits du raïs.

Le premier ministre du Qatar, qui conduit la délégation, a estimé, selon la télévision, que le gouvernement syrien avait hâte de travailler avec les représentants de la Ligue arabe pour «parvenir à une solution». D'après la télévision, une nouvelle rencontre entre les deux parties est prévue dans quatre jours.

La Syrie a rejeté les précédentes initiatives arabes. On ignore si la situation sera différente cette fois-ci, ou si le régime tentera de gagner du temps pour essayer d'écraser le soulèvement.

La semaine dernière, les 22 États membres de la Ligue arabe, réunis au Caire, ont donné à la Syrie jusqu'à la fin du mois pour faire cesser la répression sanglante du mouvement prodémocratie, libérer les personnes arrêtées dans les rafles et entamer un dialogue avec l'opposition.

Selon l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, qui cite des militants syriens, au moins 186 manifestants ont été tués en Syrie depuis la réunion du Caire.

Mardi, le Conseil national syrien (CNS, organisation qui chapeaute l'opposition) a dit craindre que l'initiative de la Ligue arabe ne «fasse pas la distinction entre la victime et l'exécuteur». Il a réclamé une «protection internationale pour les civils» et le déploiement d'observateurs internationaux pour superviser la situation.