Le président Barack Obama a annoncé vendredi le retrait des quelque 39 000 soldats américains encore stationnés en Irak d'ici à la fin de l'année, mettant fin à près de neuf ans d'un conflit engagé par son prédécesseur George W. Bush.

«Aujourd'hui, je suis en mesure d'annoncer, comme promis, que le reste de nos troupes présentes en Irak rentreront d'ici à la fin de l'année. Après près de neuf années, la guerre menée par les États-Unis en Irak sera finie», a dit M. Obama lors d'une allocution à la Maison-Blanche.

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L'annonce de M. Obama est survenue après une visioconférence avec le premier ministre irakien Nouri Al-Maliki et l'échec des négociations visant à maintenir des troupes américaines.

Bagdad a assuré que les deux responsables étaient sur la même longueur d'onde.

«Les points de vue des deux dirigeants étaient identiques quant à la nécessité d'engager une nouvelle phase de relations stratégiques, après avoir mené à bien le retrait (des troupes américaines) à une date précise à la fin de l'année», a réagi M. Maliki selon une déclaration diffusée par son bureau.

Le président des États-Unis s'est défendu d'abandonner l'Irak et averti à demi-mot le voisin iranien que Washington resterait vigilant.

«De même que les Irakiens ont tenu bon pendant la guerre, j'ai bon espoir qu'ils sauront construire un avenir à la hauteur de leur histoire», a déclaré M. Obama. «Nous resterons les partenaires d'un Irak qui contribue à la sécurité régionale et à la paix, de même que nous appelons les autres pays à respecter la souveraineté de l'Irak», a-t-il dit.

Le départ des troupes à la fin de l'année faisait déjà l'objet d'un accord signé en 2008 entre les deux pays. Mais Washington et Bagdad négociaient afin de maintenir un contingent de quelques milliers d'hommes pour former des soldats irakiens.

Les discussions butaient sur le statut juridique des troupes américaines après 2011. Washington exigeait une immunité totale pour ses militaires, les mettant à l'abri de toute poursuite judiciaire en Irak, ce que Bagdad refusait.

Partir «la tête haute»

M. Obama a annoncé que M. Maliki se rendrait à la Maison Blanche en décembre, au moment où les deux pays reprendront des relations normales entre États souverains.

Il a rappelé qu'il avait fait campagne en 2008 contre l'intervention de son pays. Il a depuis envoyé des dizaines de milliers de troupes en renfort en Afghanistan, dont les premières s'apprêtent à quitter le pays dans le cadre d'un transfert de la sécurité aux forces afghanes d'ici à 2014.

«Les Etats-Unis avancent en position de force», a assuré le président. «La longue guerre d'Irak prendra fin d'ici à la fin de l'année. La transition en Afghanistan prend forme et nos soldats rentrent enfin à la maison», a-t-il souligné. Les soldats quitteront Bagdad «la tête haute, fiers de leur réussite».

En plein «printemps arabe» et au lendemain de la mort de Mouammar Kadhafi en Libye, M. Obama a estimé que la fin de l'intervention de son pays reflétait «un transition plus vaste». «Le flux de la guerre se retire», a-t-il observé.

Le retrait amorcé avec le départ des troupes de combat à l'été 2010 «nous a permis de recentrer notre combat sur Al-Qaïda et de remporter des victoires contre ses chefs, y compris Oussama ben Laden», éliminé lors d'un raid américain au Pakistan début mai, a fait valoir M. Obama.

Le chef de la majorité démocrate du Sénat américain, Harry Reid, s'est félicité de l'annonce présidentielle et s'est voulu rassurant à l'égard de la menace iranienne. Les dirigeants de ce pays doivent savoir «que le printemps qui a frappé cette région du monde est sur le point de les frapper aussi», a-t-il estimé.

George W. Bush avait déclenché l'invasion de l'Irak en mars 2003 sans l'aval des Nations unies, officiellement pour mettre hors d'état de nuire les armes de destruction massive que le dictateur Saddam Hussein était censé posséder. Ces armes ne seront jamais trouvées et Saddam Hussein sera finalement capturé par les Américains en décembre 2003 puis exécuté par la justice irakienne en 2006.

La guerre a fait au moins 4400 morts dans les rangs américains et au moins 100 000 morts, selon diverses estimations, dans la population irakienne. Elle a coûté des centaines de milliards de dollars aux États-Unis.