Le roi Abdallah a annulé la condamnation d'une Saoudienne à dix coups de fouet pour avoir bravé l'interdiction faite aux femmes de conduire dans le royaume ultraconservateur saoudien, a indiqué mercredi une princesse saoudienne.

«Dieu merci, la flagellation de Sheima a été annulée. Merci à notre roi bien-aimé. Je suis sûre que toutes les femmes saoudiennes seront heureuses, je sais que je le suis», a annoncé sur Twitter la princesse Amira Tawil, épouse d'un neveu du roi et richissime homme d'affaires Walid ben Talal.

L'annulation de la condamnation a été confirmée par une source informée à Ryad.

Sheima Jastaniah a été condamnée lundi par un tribunal de Jeddah, ville où elle avait été arrêtée en juillet alors qu'elle se trouvait au volant d'une voiture, avait annoncé mardi une militante des droits de la femme.

Selon elle, Sheima Jastaniah «a refusé de parler aux médias de son procès (...) et nous avons été choqués d'apprendre hier (lundi) qu'elle avait été condamnée à dix coups de fouet».

Mme Jastaniah devait faire appel de cette condamnation, avait ajouté la militante.

Cette condamnation était intervenue au lendemain de l'annonce historique faite par le roi Abdallah de l'octroi aux femmes du droit de vote et d'éligibilité aux élections municipales et leur entrée au Majlis al-Choura, un conseil consultatif dont les membres sont désignés. Malgré leur frustration de devoir encore attendre quatre ans avant de pouvoir voter, les Saoudiennes ont unanimement salué la décision du souverain.

Amnesty International avait condamné la condamnation de Sheima, affirmant qu'elle illustrait «l'ampleur des discriminations contre les femmes».

L'Arabie saoudite interdit aux femmes de conduire une voiture ou de voyager seules. Elles doivent être accompagnées dans leurs déplacements à l'extérieur de leur lieu de résidence d'un gardien de sexe masculin.

La princesse Amira Tawil avait fait état en février 2009 dans un entretien au journal saoudien Al-Watan de son sentiment de frustration en raison de l'interdiction de conduire en Arabie saoudite, affirmant qu'elle était prête à prendre le volant aussitôt que le gouvernement l'autoriserait.

«Je suis certainement prête pour conduire. J'ai un permis international et je conduis dans tous les pays que je visite», avait-elle dit au journal.

«Je voudrais conduire ici avec ma soeur ou mon amie à mes côtés à la place d'un chauffeur», avait-elle insisté.

Son époux s'est à plusieurs reprises prononcé en faveur de plus de libertés pour les femmes en Arabie saoudite.