Israël a donné le feu vert à la construction de plus de 2500 logements dans les colonies de Jérusalem-Est depuis la semaine dernière. Le gouvernement dit répondre aux demandes, alors qu'un vaste mouvement de contestation sociale secoue le pays depuis près d'un mois. À quelques semaines de la demande d'adhésion des Palestiniens à l'ONU, le geste a été critiqué par la communauté internationale.

La colonie juive de Ramat Shlomo, perchée sur une colline dans le nord de Jérusalem-Est, comptera 1600 logements de plus. Malgré la controverse que le projet suscite, le gouvernement israélien y a donné son approbation définitive, hier.

Le quartier ultra-orthodoxe a déjà fait les manchettes en mars 2010. Israël avait fait l'annonce de la construction de ces logements lors d'une visite au pays du vice-président américain Joe Biden, alors que les États-Unis prônaient la prolongation du gel des constructions dans les colonies israéliennes. La nouvelle avait créé un froid diplomatique entre les deux pays.

La semaine dernière, le ministre de l'Intérieur a annoncé la construction de plus de 900 nouvelles unités dans une colonie près de Bethléem. Et il devrait donner le feu vert cette semaine à 2700 logements supplémentaires. Les annonces concernent des quartiers actuellement à majorité israélienne, mais qui divisent les parties palestiniennes.

Les États-Unis et l'Union européenne ont dénoncé ces nouvelles constructions.

La communauté internationale ne reconnaît pas l'annexion de la partie orientale de Jérusalem par Israël au terme de la guerre de 1967. Les Palestiniens voient Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur État. Les Israéliens considèrent Jérusalem comme leur capitale «indivisible».

Les Palestiniens posent l'arrêt des constructions israéliennes à Jérusalem-Est et en Cisjordanie comme une condition à la reprise des négociations avec Israël. Dans près d'un mois, ils comptent demander l'adhésion de l'État palestinien à l'ONU. Ils ont condamné l'annonce israélienne.

Shlomo Hasson, professeur de géographie à l'Université hébraïque de Jérusalem, croit que le moment est particulièrement mal choisi pour faire l'annonce des constructions, prévues depuis longtemps. D'autant plus qu'aucun échéancier n'a été avancé et que le projet pourrait mettre des années à voir le jour.

«C'est ridicule de les annoncer maintenant, dit-il. Le monde entier a les yeux tournés vers Israël, le pays est de plus en plus isolé, c'est vu comme une provocation par la communauté internationale. Et sur le front social, il y a beaucoup de critiques contre le manque de logements. Ils annoncent des logements pour les ultra-orthodoxes, alors que ce sont en majorité les jeunes laïcs qui manifestent. Tout ça est une grave erreur de la part du gouvernement.»

Les partis religieux détiennent la balance du pouvoir dans le gouvernement de coalition de Benyamin Nétanyahou, qui fait l'objet de nombreuses critiques depuis plusieurs semaines. Le gouvernement israélien a défendu les constructions en disant qu'il s'agissait d'une mesure économique plutôt que politique.

Depuis près d'un mois, des milliers d'Israéliens ont érigé des campements un peu partout au pays pour protester contre le coût de la vie et le manque de logements abordables. Samedi dernier, une manifestation a attiré un quart de million de protestataires, selon les médias israéliens. Le gouvernement a mis sur pied une commission pour étudier les demandes.

Mais les manifestants ont déjà fait savoir leur désaccord avec de nouvelles constructions, où qu'elles se fassent. Plusieurs ont dit préférer une augmentation du nombre de logements sociaux et l'instauration de programmes pour aider les jeunes familles.