Face à une grogne sociale qui s'amplifie, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a promis dimanche un dialogue et «des changements», au lendemain de manifestations ayant réuni 300 000 personnes contre la vie chère, un mouvement sans précédent selon les médias israéliens.

«On ne peut ignorer l'ampleur de la contestation sociale. Nous savons qu'il faut procéder à des changements, et nous le ferons en faisant preuve de responsabilité et en étant sensibles aux exigences», a déclaré M. Nétanyahou devant son cabinet réuni en séance hebdomadaire.

«Nous voulons nouer un dialogue authentique et entendre tout le monde pour proposer des solutions, même si nous ne pouvons satisfaire à toutes les demandes», a-t-il ajouté.

À cet effet, le premier ministre veut constituer «une équipe spéciale» placée sous la direction du professeur Manuel Trachtenberg, un économiste de renom, actuellement président du Conseil de l'Enseignement supérieur.

«J'éprouve des sentiments mitigés après avoir été investi de cette mission, car des changements sont impératifs, mais les responsabilités et les risques sont énormes», a déclaré à la radio M. Trachtenberg.

Selon la radio publique, son équipe, supervisée par M. Nétanyahou, doit comprendre près de la moitié des 29 membres du gouvernement et devra examiner avec des experts l'ensemble des revendications, notamment dans l'éducation, le logement et la santé.

Tous les partenaires sociaux, notamment les représentants du Patronat et de la puissante centrale syndicale Histadrout doivent participer aux discussions.

«Les recommandations de cette équipe seront présentées sans doute en septembre au mini-cabinet pour les affaires économiques et sociales, puis à l'ensemble du gouvernement pour approbation», a indiqué aux journalistes le ministre pour l'Environnement Gilad Erdan.

Il a ajouté qu'il fallait s'attendre à «des changements radicaux».

Dans une première réaction, le dirigeant de l'association nationale des étudiants, Izik Shmuli, s'est félicité à la radio publique de la nomination de M. Trachtenberg, «un homme digne de confiance», à la tête de l'équipe chargée d'examiner les réformes possibles.

Trois semaines après son déclenchement, la contestation est montée d'un cran samedi avec plus de 300 000 manifestants descendus dans les rues à Tel-Aviv et dans d'autres villes pour réclamer la «justice sociale».

Le nombre des manifestants a largement dépassé la «masse critique» de 200 000 que les organisateurs espéraient atteindre, pour contraindre le gouvernement de droite à céder sur leurs revendications.

Les manifestants, dans leur écrasante majorité laïque, réclament notamment la construction massive de logements pour offrir des locations à bas prix, la hausse du salaire minimum, l'imposition de taxes sur les appartements inoccupés et l'enseignement scolaire gratuit.

Les médias israéliens étaient unanimes dimanche à estimer que ce mouvement de révolte sociale est d'une ampleur sans précédent dans l'histoire du pays et pose à M. Nétanyahou un défi incontournable.

«Un nouveau pays», «Israël est dans la rue», a ainsi titré dimanche en page de couverture et en bleu et blanc -les couleurs nationales-, Yédiot Aharonot, le principal quotidien du pays.

«Nétanyahou et ses ministres ne pourront pas ignorer ce cri, parce qu'il exprime une force qui menace leur maintien au pouvoir», a asséné son éditorialiste-vedette Nahoum Barnéa.

«Ni gauche, ni droite, ni centre, ni marginaux. C'est le peuple d'Israël qui est mécontent de la vie ici, des charges pesant sur lui, du système injuste qui permet à une minorité de festoyer sur le compte des masses écrasées», résume Ben Caspit dans un éditorial du journal populaire Maariv.