Le président afghan Hamid Karzaï était vendredi au Pakistan notamment pour discuter, au sein d'une commission conjointe de paix, d'actions communes dans les deux pays voisins en proie à une insurrection des talibans, dont certains sont alliés.

Le président Karzaï a atterri à la mi-journée à Islamabad où il devait rencontrer dans l'après-midi son homologue pakistanais Asif Ali Zardari, selon le ministère des Affaires étrangères.

Il s'entretiendra samedi avec le premier ministre Yousuf Raza Gilani avant de participer à la réunion de la Commission conjointe de paix, mise en place le 27 janvier dernier entre les deux pays.

M. Karzaï doit également signer samedi des accords de coopération bilatérale notamment dans les domaines des échanges commerciaux.

Le chef de l'État discutera notamment, selon un de ses porte-parole, «des progrès du processus de paix en Afghanistan, de la coopération entre les deux pays en matière de lutte contre le terrorisme et du développement des liens commerciaux».

Les États-Unis, qui doivent entamer en juillet un retrait progressif de leurs troupes engagées en Afghanistan, considèrent que la paix dans ce pays est difficilement envisageable sans la contribution du Pakistan, dont les zones tribales frontalières, bastion des talibans pakistanais et d'Al-Qaïda, sont aussi la base arrière des talibans afghans.

Grâce à un Haut conseil de la Paix mis en place à Kaboul en 2010, M. Karzaï tente d'amener les talibans à la table des négociations, s'ils renoncent notamment au «terrorisme» et reconnaissent la constitution afghane.

Kaboul estime que les principaux chefs talibans, dont le commandant suprême, le mollah Omar, ainsi que les chefs du réseau Haqqani, bête noire des soldats américains, se cachent au Pakistan, d'où ils lancent leurs hommes dans des raids en Afghanistan.

Le gouvernement afghan accuse aussi publiquement une frange de l'armée et du renseignement pakistanais de les soutenir.

Islamabad nie fermement et estime en retour que la fuite des talibans afghans et des cadres d'Al-Qaïda sur son territoire est due au fait que la coalition militaire internationale emmenée par les Américains n'a pas été capable de les éliminer fin 2001, ni de vaincre les insurgés depuis.

Leur passage au Pakistan à travers une frontière impossible à contrôler est la cause principale de l'insurrection des talibans pakistanais, juge Islamabad.

L'insurrection des talibans afghans s'est considérablement intensifiée et a gagné du terrain ces trois dernières années, malgré la présence de quelque 130 000 soldats de la force internationale de l'OTAN (Isaf), composée pour plus des deux tiers de soldats américains.

Sous la pression d'une opinion publique de plus en plus hostile à l'envoi de ses militaires dans ce qu'elle considère comme un bourbier, l'OTAN doit entamer en juillet le processus dit «de transition» consistant en un transfert progressif de la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes d'ici à fin 2014.

Or, mercredi, le futur nouvel ambassadeur américain à Kaboul, Ryan Crocker, a estimé que la paix en Afghanistan ne pouvait se faire sans la participation active du Pakistan. «Nous devons être sûrs que les sanctuaires ne se déplacent pas de l'Afghanistan vers le Pakistan», a-t-il déclaré.