Les efforts engagés depuis 10 ans par les États-Unis pour remettre sur pied l'Afghanistan à coup de milliards de dollars se sont révélés peu efficaces, selon un rapport du Sénat publié mercredi à quelques semaines du début du retrait annoncé des troupes américaines.

Quelque 19 milliards de dollars ont été dépensés en Afghanistan entre 2002 et 2010 par les États-Unis. La manne américaine représente actuellement pour l'Afghanistan un revenu de 320 millions de dollars par mois.

Or, le rapport de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain publié mercredi vient de jeter un pavé dans la mare en affirmant que «l'administration peut être plus efficace dans la façon dont elle dépense l'aide en Afghanistan».

«L'aide américaine doit remplir trois conditions de base, avant que l'argent ne soit dépensé: que nos projets soient nécessaires, réalisables, viables».

Le document publié alors que l'armée américaine s'apprête à entamer son retrait d'Afghanistan à partir de juillet 2011, dénonce «l'insécurité, la misère, les faibles capacités locales, et la corruption généralisée» comme des obstacles à une juste répartition des fonds.

L'ampleur des premiers retraits de troupes américaines n'était pas encore annoncée officiellement mercredi.

La transition d'un partenariat militaire à une aide civile doit se poursuivre jusqu'en 2014, date à laquelle la responsabilité de la sécurité en Afghanistan doit être transmise aux forces afghanes.

Mais le rapport s'inquiète de cette échéance: «L'Afghanistan pourrait subir une grave crise économique lorsque les troupes étrangères partiront en 2014 à moins qu'une planification efficace commence maintenant».

En effet, le document précise que la transition doit être équilibrée de façon à éviter une «soudaine chute de l'aide».

De son côté, le président de la commission John Kerry s'est voulu rassurant au sujet du rapport. «Ce rapport veut porter un regard constructif, coopératif sur notre approche», a-t-il dit mercredi matin devant la commission.

Parmi les recommandations du rapport figure la mise en place d'une aide civile sur plusieurs années qui doit être approuvée par le Congrès. Cette aide devra se faire selon une stratégie «clairement définie».

En outre, le rapport préconise «une réévaluation des programmes de stabilisation en zone de guerre», afin d'évaluer si l'impact de tels programmes sur les destinataires est positif ou non, quitte à rediriger les fonds «si nécessaire».

Mercredi matin, le diplomate Ryan Crocker, désigné par le président Barack Obama comme futur ambassadeur en Afghanistan, s'est exprimé devant la commission des Affaires étrangères en vue de sa nomination.

Interrogé sur le rapport, M. Crocker a répondu qu'il allait se pencher sur la question, et a reconnu qu'il y avait eu des «problèmes».

Il a ajouté qu'il allait tirer les leçons de son expérience comme ambassadeur en Irak entre 2007 et 2009, où sa mission aux côtés du général David Petraeus a été considérée comme un succès.

M. Crocker a toutefois souligné, tout comme le rapport du Sénat que des succès ont été enregistrés grâce à l'aide en Afghanistan. Il a notamment cité le secteur de la santé et de l'éducation.

Pour le sénateur John Kerry, le rôle de M. Crocker sera «crucial» pour corriger les dysfonctionnements constatés dans l'aide américaine en Afghanistan.

Ryan Crocker, un diplomate habitué des missions difficiles avait pris sa retraite en 2009, après avoir été ambassadeur au Pakistan, puis en Irak où il avait été nommé par le président George W. Bush.