Au moins 30 «membres d'Al-Qaïda», dont l'un de ses chefs locaux, ont été tués dans des combats autour de Zinjibar, dans le sud du Yémen, a annoncé mardi le ministère yéménite de la Défense.

Selon le ministère, des unités militaires ont ratissé les abords de Zinjibar, contrôlée depuis le 29 mai par des extrémistes armées présentés par les autorités comme des membres d'Al-Qaïda.

Les opérations ont duré plus de trois heures, pendant lesquelles «30 membres d'Al-Qaïda au moins ont été tués et de nombreux autres blessés», a précisé le ministère sur son site internet.

Il a affirmé que parmi les tués figurait Hassan Aguili, chef d'Al-Qaïda à Marib (est de Sanaa), qui était activement recherché par les autorités.

Le ministère a évoqué des pertes parmi les militaires, mais sans donner de bilan.

Dans la matinée, des sources médicales avaient annoncé que 15 personnes, dont 9 militaires, avaient été tuées dans un assaut de l'armée sur Zinjibar.

Ces décès portent à 80 le nombre de tués dans cette zone depuis le 29 mai, lorsque des centaines de combattants présumés d'Al-Qaïda ont pris le contrôle de cette ville, chef-lieu de la province d'Abyane, un fief du réseau extrémiste.

Trois brigades avaient été massées dès lundi soir près de Zinjibar et se préparaient à donner l'assaut pour porter secours aux militaires encerclés par les hommes armés sur une base militaire, ont précisé les sources militaires.

Samedi, neuf militaires yéménites avaient été tués et des dizaines blessés dans deux embuscades tendues près de Zinjibar, par des membres présumés d'Al-Qaïda.

Le ministère yéménite de la Défense a affirmé que les combattants qui tiennent Zinjibar appartenaient à Al-Qaïda et que des «des Afghans et des Égyptiens» se trouvaient parmi eux.

Mais le principal dignitaire tribal de Zinjibar, Tarek al-Fadhli, lui-même un ancien djihadiste, a dit douter que ces hommes armés, qui ont en particulier pris sans coup férir un important camp militaire, soient liés à Al-Qaïda.

Le président Ali Abdallah Saleh, parti samedi en Arabie saoudite pour des soins après avoir été blessé dans un bombardement de son palais à Sanaa la veille, a longtemps agité la menace d'Al-Qaïda pour justifier son maintien au pouvoir en dépit de la vive contestation populaire contre lui depuis janvier.

Le 21 mai, il avait prévenu qu'Al-Qaïda profiterait de son éventuel départ: «Si ce régime part, Al-Qaïda va connaître un nouvel essor», avait assuré M. Saleh, qui avait fait du combat contre le réseau créé par Oussama ben Laden un atout majeur dans ses relations avec Washington.

Manifestations à Sanaa, Taëz aux mains des rebelles

De jeunes protestataires se préparaient mardi à manifester à Sanaa contre un retour du président contesté hospitalisé à Ryad, tandis qu'à Taëz des opposants ont pris le contrôle de la quasi-totalité de la ville après des combats avec les forces loyales à Ali Abdallah Saleh.

Dans la capitale Sanaa, les jeunes contestataires qui campent sur la «Place du Changement» s'apprêtaient à participer à une manifestation dans l'après-midi contre le retour de M. Saleh.

Les manifestants vont se diriger vers le domicile du vice-président, Abdel Rabbo Mansour Hadi, pour «réclamer la mise en place d'un conseil présidentiel transitoire» selon les organisateurs.

«Les jeunes ont manifesté leur joie par rapport au départ de Saleh, mais nous avons décidé de manifester après l'annonce d'un prochain retour de l'ancien président, afin de faire parvenir leur voix à la communauté internationale», a déclaré à l'AFP Wassim al-Qirchi, l'un des meneurs des jeunes.

«Il est libre de rentrer, mais en tant que simple citoyen», a-t-il ajouté.

Par ailleurs, à Taëz, un foyer de la contestation situé à 270 km au sud-ouest de Sanaa et l'une des premières villes à s'être levée contre M. Saleh, est aux mains des rebelles, selon un chef tribal.

«Taëz est aux mains des rebelles», a affirmé à l'AFP cheikh Hammoud Saïd al-Mekhlafi, chef du conseil tribal de Taëz.

Un photographe de l'AFP a constaté que la quasi-totalité de la ville était aux mains d'hommes armés et de comités de vigiles. Des éléments loyalistes sont toujours présents au palais présidentiel, dans le QG des forces de sécurité et à l'hôpital de la révolution, selon ce photographe.

Les autorités ont démenti que Taëz soit aux mains des opposants.

Cheikh Mekhlafi a indiqué que des éléments tribaux armés avaient été déployés dans la ville «pour protéger les manifestants pacifiques (...) après le génocide» commis selon lui par les forces du régime.

Plus de 50 manifestants avaient été tués le 30 mai selon les Nations unies lors du démantèlement par la force d'un sit-in d'opposants sur la Place de la Liberté dans la ville.

«En tant que tribus, nous nous sommes déployés autour des installations gouvernementales (...) que nous contrôlons actuellement pour les protéger des bandits», a ajouté le chef tribal.

Selon lui, les affrontements se sont poursuivis jusqu'à mardi matin avec les troupes pro-Saleh, notamment la Garde républicaine, et la Sécurité centrale.

Les affrontements avaient éclaté il y a plusieurs jours à Taëz, entre d'un côté la Garde républicaine et d'autres forces fidèles à M. Saleh et de l'autre des miliciens affirmant protéger les manifestants.

Blessé vendredi dans un attentat, le président yéménite a subi des interventions chirurgicales dans un hôpital de Ryad et son retour est prévu dans les «prochains jours», selon le vice-président.

L'opposition parlementaire s'est dite déterminée à empêcher son retour.

M. Saleh est aussi sous pression internationale pour céder le pouvoir.

La Maison-Blanche a ainsi affirmé lundi qu'une «transition immédiate» du pouvoir au Yémen était «dans le meilleur intérêt» des habitants de ce pays.