Un nombre «modeste» de soldats américains pourrait être retiré d'Afghanistan en juillet, a estimé samedi à Kaboul le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, estimant prématuré de changer la stratégie actuelle et appelant à évaluer les progrès à la fin 2011.

Robert Gates, qui a entamé samedi son ultime visite en Afghanistan avant de quitter prochainement ses fonctions, a également assuré que le début prochain du transfert de la responsabilité de la sécurité aux Afghans n'entraînerait pas de départ précipité des alliés.

«Nous sommes dans une position, en prenant en compte les conditions sur le terrain (...), d'envisager un retrait modeste à partir de juillet», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

M. Gates a estimé que les actuels progrès, s'ils étaient consolidés d'ici à fin 2011, pourraient ouvrir une «brèche» en vue de négociations avec les insurgés talibans qui combattent depuis bientôt dix ans les troupes afghanes et de l'OTAN, ou au moins «faire franchir un cap» au conflit en Afghanistan.

«Tout changement (de stratégie) avant cette date serait prématuré», a-t-il estimé.

Les États-Unis doivent commencer cet été à retirer une partie des 90 000 soldats américains déployés dans le pays -sur les 130 000 que compte l'OTAN-, alors que le conflit est de plus en plus impopulaire dans de nombreux pays de la coalition. Mais l'ampleur de ce retrait est pour l'heure inconnue.

Les déclarations de M. Gates renforcent l'idée qu'il devrait être limité, alors que la mort récente d'Oussama Ben Laden et le coût du conflit ont conduit des élus et responsables américains à réclamer une accélération du retrait des troupes.

Le coût du conflit (pour lequel les États-Unis dépensent 120 millions de dollars par an) ne doit pas déterminer l'ampleur du retrait, a également estimé M. Gates.

S'exprimant samedi au côté du président afghan Hamid Karzaï, à l'issue d'un entretien, Robert Gates a aussi affirmé que le début, en juillet, du processus dit «de transition», marqué par le transfert graduel de la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes d'ici à fin 2014, n'entraînerait pas un départ précipité d'Afghanistan des membres de la coalition.

«S'il est possible que les États-Unis et nos partenaires de la coalition retirent des troupes petit à petit (...), il n'y aura pas de précipitation vers la sortie», a-t-il assuré.

L'OTAN devra rester en Afghanistan «aussi longtemps que nécessaire», avait averti fin mai le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, jugeant qu'une sortie rapide d'Afghanistan était encore «prématurée».

M. Gates a néanmoins averti que l'engagement occidental en Afghanistan «était fort et durable, mais (...) n'était pas sans limites, ni en matière de durée ni en ressources», appelant les forces afghanes à «prendre l'initiative et davantage de responsabilités» pour que la transition réussisse.

Par ailleurs, il a dit «regretter profondément» les pertes civiles causées par les forces de l'OTAN en Afghanistan, sujet de friction récurrent entre M. Karzaï et ses alliés occidentaux, avec lesquels ses relations sont de plus en plus tendues. M. Karzaï a ces derniers jours employé des termes particulièrement virulents à ce sujet.

Il a lancé fin mai un «dernier avertissement» aux responsables américains, après la mort de plusieurs civils dans une frappe de l'OTAN, avant d'affirmer le lendemain que les Afghans risquaient de considérer celle-ci comme une «force d'occupation» si ses opérations continuaient à se solder par des pertes civiles.

M. Karzaï a annoncé samedi avoir demandé à M. Gates d'«interdire» les «bombardements aériens sur les habitations».

Les deux hommes ont également parlé «de la poursuite de la coopération entre les États-Unis et l'Afghanistan (...), du (projet de) partenariat stratégique avec les États-Unis», a-t-il ajouté.