Trente-quatre personnes ont été retrouvées mortes après un raid de l'armée irakienne mené le 8 avril dans le camp d'Ashraf, où vivent des membres de l'opposition iranienne au nord de Bagdad, a indiqué un porte-parole de l'ONU jeudi à New York.

«Nous allons enquêter sur cette affaire, car nos forces de sécurité pensent que ceci (les morts) a été le fait de leurs gardes (des Moudjahidines du Peuple) qui ont tué ceux qui voulaient s'échapper. Ils avaient déjà commis des actes identiques dans le passé», a souligné à Bagdad le porte-parole du gouvernement irakien, Ali Dabbagh.

La plupart des victimes, dont des femmes, ont été tuées par balle. Selon le porte-parole du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme à Genève, Rupert Colville, il y a également des «douzaines» de blessés.

«Nous sommes au courant de la présence de 34 corps au Camp d'Ashraf et dans les environs. Nous espérons obtenir plus de détails plus tard», a indiqué Farhan Haq, porte-parole adjoint de l'ONU à New York.

Maryam Radjavi, présidente des Moudjahidines du Peuple, a indiqué dans un communiqué que «la communauté internationale confirme ainsi l'ampleur du crime» perpétré «par les forces irakiennes». «Ce crime est un cas manifeste de crime contre l'humanité, de crime de guerre et de crime contre la communauté internationale», ajoute-t-elle, demandant aux États-Unis de «prendre en charge la protection» des résidents du camp.

Les moudjahidines sont présents en Irak depuis 1981 à l'invitation de l'ex-dictateur Saddam Hussein. Ils avaient construit le camp dans les années 1980, lorsque l'Irak de Saddam Hussein était en guerre avec l'Iran. C'était alors une base à partir de laquelle les moudjahidines opéraient contre l'Iran. La camp a été désarmé après l'invasion de l'Irak par les États-Unis et ses alliés en 2003.

Le porte-parole irakien a encore ajouté que «le gouvernement irakien est satisfait de l'intérêt que portent les États-Unis à la demande irakienne de trouver un autre endroit que l'Irak aux résidents du Camp Ashraf». «Le gouvernement irakien fournira tout le soutien logistique afin de faciliter les désirs des résidants du Camp Ashraf qui veulent quitter l'Irak», a-t-il dit.

À la suite de cet épisode, l'Irak avait indiqué lundi dernier que les moudjahidines iraniens devraient quitter le pays d'ici la fin de cette année.

Le porte-parole a indiqué que le Conseil des ministres irakiens avait décidé du départ du camp d'Ashraf «en utilisant tous les moyens, y compris politiques, diplomatiques et la coopération avec les Nations unies et les organisations internationales».

M. Dabbagh a souligné que l'Irak «prenait en considération le souhait des membres du camp de choisir leur pays de résidence».

Quelque 3500 personnes résident dans ce camp. Depuis qu'il a été désarmé, les résidants sont protégés par la Convention de Genève et sont gardés par des militaires américains, bien que Washington considère toujours les Moudjahidines du Peuple comme une organisation terroriste.

Le groupe rebelle avait indiqué que les forces de sécurité irakiennes entouraient le camp et refusaient l'accès aux journalistes et aux organisations humanitaires venues porter assistance aux blessés.

L'armée américaine a reconnu que l'accès au camp leur avait dans un premier temps été interdit, mais a ajouté que dimanche, une équipe médicale a finalement été autorisée à «apporter l'assistance médicale humanitaire essentielle».

Organisation islamique de gauche, le mouvement des Moudjahidines du Peuple a été fondé en 1965 pour devenir un mouvement d'opposition au Shah d'Iran. Il a ensuite combattu le régime des mollahs qui a pris le pouvoir à Téhéran en 1979.