Devant l'émotion provoquée par une nouvelle bavure qui a coûté la vie mardi à neuf civils afghans, la force internationale de l'Otan en Afghanistan (Isaf), embarrassée, répond que le respect de ses règles d'engagement devrait permettre d'éviter ce genre de drame.

«Le contenu et l'objectif de la directive tactique» émise en 2009 par le commandant en chef de l'Isaf de l'époque, le général Stanley McChrystal, «n'a pas changé», a assuré à l'AFP un porte-parole de la force, le lieutenant-colonel John Dorrian.

La mort mardi de neuf enfants ramassant du bois dans la province de Kunar (est), selon les autorités afghanes, apparemment sous les tirs d'un hélicoptère américain, a poussé le président afghan Hamid Karzaï à de nouveau dénoncer les raids «meurtriers» de l'Isaf.

Le commandant en chef de l'Isaf, le général David Petraeus, a dû reconnaître mercredi l'entière responsabilité de ses troupes, assurant que si l'enquête révélait des fautes, elles seraient sanctionnées.

Et jeudi, le président des États-Unis Barack Obama, dont le pays fournit les deux tiers des troupes internationales déployées en Afghanistan, a exprimé ses «profonds regrets» à M. Karzaï.

Cette affaire intervient alors que l'«afghanisation» de la guerre contre les talibans est au programme de l'Isaf, M. Karzaï devant annoncer le 21 mars dans quels districts et à quelles dates l'armée afghane prendrait le relais des troupes étrangères en première ligne.

Un processus qui devrait en principe s'achever à la fin 2014 par la prise en main de l'ensemble du pays par les soldats et policiers afghans, les soldats étrangers n'assurant plus qu'un rôle de soutien et de conseil.

À son arrivée en fonction au printemps 2009, le général McChrystal avait insisté sur la nécessité d'éviter au maximum ce que l'on appelle dans le jargon militaire les «dommages collatéraux» afin de ne pas dresser la population afghane contre les troupes étrangères et de faciliter son ralliement au gouvernement de Kaboul.

À la lumière de son expérience précédente en Irak, il avait alors fixé des règles d'engagement, encadrées par la fameuse «directive tactique» sur les possibilités d'ouvrir le feu en cas d'accrochage avec les talibans, y compris en limitant le recours au soutien aérien ou à l'artillerie.

Lorsqu'il avait remplacé Stanley McChrystal à l'été 2010, David Petraeus avait émis une nouvelle directive, reprenant l'essentiel de la précédente tout en précisant la notion de légitime défense, pour que les jeunes officiers sur le terrain n'hésitent pas à appeler à l'aide.

Le 1er juillet, le général Petraeus avait proclamé que «réduire les pertes de civils innocents au niveau minimal» était bien «un impératif de la lutte contre l'insurrection».

Aujourd'hui, «si elles ont la possibilité de décrocher en toute sécurité» les troupes de l'Isaf «doivent opter pour une désescalade quand la présence de civils est certaine», a expliqué le lieutenant-colonel Dorrian.

Par rapport à 2009, a-t-il estimé, les pertes civiles causées par l'intervention d'avions et d'hélicoptères ont baissé en rythme en 2010 de 13% en dépit d'une hausse de 20% du nombre d'«opérations», liée elle-même à la forte augmentation du nombre de soldats engagés en Afghanistan.

On ne peut cependant «jamais garantir zéro victime sur un théâtre de guerre», a admis avec regret un autre haut responsable de l'Isaf, insistant sur le fait que les deux tiers des morts dans la population sont, selon la Mission de l'ONU en Afghanistan (UNAMA), le résultat des attaques des talibans.