Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak, qui a lâché lundi le Parti travailliste pour rester l'allié du premier ministre de droite Benyamin Nétanyahou, a construit sa carrière politique sur le mythe du combattant engagé dans la bataille de la paix avec les Palestiniens.

Ehud Barak dirigeait une formation en pleine crise -un «bateau en train de couler», selon les commentateurs- n'ayant obtenu que 13 sièges au dernier scrutin en 2009, le plus mauvais score de l'histoire des travaillistes.

Son autorité contestée à la tête de ce parti historique, il a finalement jeté l'éponge pour sauver son poste au sein de la coalition dirigée par M. Nétanyahou, qu'il avait rejoint après les élections de 2009.

Son alliance avec le chef de la droite israélienne -au nom de l'«intérêt supérieur de l'État»- avait alors été vivement critiquée au sein de son parti.

Homme du centre, il a justifié lundi son départ et la création d'un nouveau parti «sioniste et démocratique» par «le glissement à gauche, toujours plus à gauche» du Parti travailliste.

Mais ses propres zigzags lui ont valu une réputation d'opportuniste auprès du grand public. Au sein même des travaillistes, on l'accusait de conduire le parti à sa perte, d'agir par intérêt personnel et de manquer de crédibilité.

Ces dernières semaines, plusieurs députés travaillistes avaient appelé à quitter la coalition à la suite du blocage des négociations avec les Palestiniens.

Deux ministres travaillistes, Yitzhak Herzog (Affaires sociales) et Avishaï Braverman (chargé des Minorités) avaient même annoncé qu'ils se présenteraient contre Ehud Barak à la tête du parti à l'occasion des prochaines primaires.

Accusant son parti de dériver vers la gauche, Ehud Barak, soldat le plus décoré de l'histoire militaire israélienne, était considéré comme un «faucon» face aux Palestiniens, depuis qu'il s'était abstenu en septembre 1995 d'approuver l'accord dit d'Oslo 2, étendant l'autonomie palestinienne en Cisjordanie.

L'échec du sommet de Camp David en juillet 2000 qu'il avait réclamé avec le dirigeant palestinien et le président américain Bill Clinton, colle toujours à la peau de ce petit homme rondouillard, au visage toujours poupin malgré ses 68 ans.

Cet ancien chef d'état-major, après avoir été le chef du commando d'élite de l'armée israélienne, premier ministre de 1999 à 2001, garde néanmoins sur un plan strictement militaire la réputation de fin stratège.

L'offensive à Gaza contre le Hamas il y a deux ans, qu'il avait préparée de bout en bout en tant que ministre de la Défense, a même un temps renforcé sa popularité.

Mais depuis, la droite lui a reproché de l'avoir interrompue prématurément, sans résultat stratégique, alors que la gauche, très affaiblie, critiquait le grand nombre de victimes palestiniennes.

Natif d'un kibboutz (village collectiviste), diplômé en physique, mathématiques et systèmes analytiques, M. Barak est un pur produit de l'establishment israélien.

Chef d'état-major, il entre en politique en 1995 pour devenir ministre de l'Intérieur, puis chef de la diplomatie.

Sa grande réussite, une fois premier ministre, aura été de retirer sans dommage en mai 2000 l'armée du bourbier libanais où elle était exposée aux coups du Hezbollah. Mais la guerre de l'été 2006 a jeté une ombre sur ce succès.

Pianiste émérite, il est aussi amateur de littérature et de poésie. Horloger amateur, il se détend en démontant et remontant montres et autres mécanismes.

Père de trois filles d'un premier mariage, il est remarié avec la femme d'affaires Nili Pariel.