Dix-sept personnes ont été tuées, dont un officier de police qui était visé, quand un kamikaze s'est fait exploser vendredi dans un bain public du sud de l'Afghanistan, pays où les attentats-suicide sont quotidiens mais visent rarement les lieux publics.

Vers 12h, un kamikaze a déclenché les explosifs qu'il portait autour du corps dans un bain public de Spin Boldak, ville frontalière du Pakistan.

«Dix-sept personnes ont perdu la vie dans l'attentat suicide à Spin Boldak et 21 ont été blessées», a indiqué à l'AFP Zalmay Ayoubi, porte-parole des autorités de la province de Kandahar.

Le service de presse du gouvernorat de la province a de son côté fait état de 17 morts et 23 blessés dans un communiqué, précisant que l'attentat visait un responsable de la police, «du nom de Ramazan» qui a péri dans l'explosion.

Ce policier commandait l'unité de réaction rapide de la brigade locale de la police des frontières, a indiqué de son côté à l'AFP, sans plus de détails, le général Abdul Raziq, responsable de la police des frontières, joint à Kandahar, la capitale provinciale.

Les talibans, qui refusent généralement d'endosser la responsabilité d'attaques meurtrières pour les civils, ont revendiqué l'attentat en affirmant qu'il n'y avait, à l'intérieur de l'établissement, que des policiers, dont leur cible.

Mais les autorités ont au contraire affirmé que tous les morts, à l'exception du policiers visé, étaient des civils, et que seuls deux policiers figuraient parmi les blessés.

«Aujourd'hui, vendredi, il n'y avait aucun civil à l'intérieur», a affirmé Yousuf Ahmadi, un des porte-parole des talibans, joint par téléphone depuis Kandahar.

L'officier visé «venait dans cet établissement de bains chaque semaine ou toutes les deux semaines et faisait évacuer tout le monde. Seuls ses hommes l'utilisaient en même temps que lui», a-t-il assuré.

M. Ayoubi a qualifié l'attentat d'«acte de sauvagerie» affirmant que les talibans étaient «indifférents aux innocents qui perdent la vie dans leurs attaques». Le président afghan Hamid Karzaï a lui condamné un «acte non islamique et inhumain».

Le conflit en Afghanistan a tué 1292 policiers en 2010, selon le ministère afghan de l'Intérieur. Plus de 2000 civils ont également péri sur l'année, que ce soit dans des attentats des insurgés ou lors d'opérations militaires contre l'insurrection.

Les attentats suicide sont, avec les bombes artisanales, l'arme favorite des insurgés qui combattent le gouvernement et ses alliés des forces internationales depuis que ces dernières ont chassé les talibans du pouvoir à la fin 2001. Le sud de l'Afghanistan est l'un des bastions des talibans, dont la rébellion a gagné du terrain et en intensité ces dernières années.

Kandahar, qui était la capitale du régime taliban, est régulièrement frappée par des attentats, mais les violences s'y sont intensifiées ces derniers mois, malgré la présence dans la région de plusieurs dizaines de milliers de soldats étrangers, notamment américains, envoyés en renfort pour déloger les talibans.

Ces derniers avaient également revendiqué le dernier attentat en date dans la ville de Kandahar: le 27 décembre, une voiture piégée avait tué trois personnes et en avait blessé au moins douze, devant une banque où policiers et militaires venaient toucher leurs salaires.

Les attentats suicide, qui visent habituellement le gouvernement ou les forces afghanes et internationales, sont beaucoup plus rares dans des lieux publics fréquentés. Néanmoins, plusieurs y ont été perpétrés dans la région de Kandahar. En juin dernier, un attentat suicide perpétré en plein milieu d'un mariage y avait fait 50 morts et 87 blessés.