Les membres du parti du gouverneur du Pendjab Salman Taseer ont estimé jeudi que son assassinat était le fruit d'un complot, en dénonçant la «faillite» des services de sécurité qui a permis à son meurtrier de le cribler de balles mardi en plein centre d'Islamabad.

Salman Taseer, figure du Parti du peuple pakistanais (PPP) au pouvoir et l'un des rares hommes politiques à critiquer ouvertement l'islamisme, a été tué selon les autorités par un policier qui l'escortait et lui reprochait son opposition à la loi sur le blasphème, défendue par les religieux conservateurs.

Ce meurtre «est un complot contre le Pakistan et ses institutions. Ceux qui sont derrière son assassinat devraient être dénoncés. Il y a eu une grave faillite des services de sécurité», a déclaré Imtiaz Safdar Warraich, secrétaire d'État aux Communications et président du PPP au Pendjab.

Les enquêteurs tentent de déterminer si le meurtrier a agi seul ou s'il s'agissait d'un complot plus large.

L'assassin présumé, Malik Mumtaz Hussain Qadri, le policier de 26 ans qui devait être présenté jeudi à la justice, s'est rendu après avoir abattu M. Taseer et a avoué son crime, selon les autorités.

Or il avait été soupçonné de liens avec des organisations islamistes, selon M. Warraich. «Il y a 18 mois, un responsable régional de la police avait déclaré qu'il (Qadri) représentait un risque, et avait ordonné qu'il ne soit plus affecté à la sécurité des personnalités».

«Comment quelqu'un considéré comme à risques peut-il être affecté à la la sécurité d'une personnalité?», s'est interrogé le ministre de la Justice Babar Awan, également membre du PPP, dénonçant lui aussi une «énorme faillite».

Les observateurs s'interrogeaient notamment sur le fait qu'aucun policier ou garde présent sur les lieux, un centre commercial très fréquenté par de riches pakistanais et des étrangers, ne soit intervenu pour empêcher le meurtrier de vider son chargeur en tirant 29 balles sur M. Taseer.

Les autorités soupçonnent le policier d'avoir fait part de ses intentions à ses collègues et de leur avoir demandé de ne pas l'abattre. «Cela laisse beaucoup de question en suspens», selon M. Warraich.