Israël a posé une nouvelle condition à tout accord de paix avec les Palestiniens et la Syrie en exigeant l'approbation par référendum de toute concession territoriale aux termes d'un accord de paix qui paraissait déjà improbable auparavant sur ces deux volets.

Le Parlement israélien a définitivement adopté lundi soir une proposition de loi imposant pour la première fois la validation par référendum de tout retrait des territoires sur lesquels s'exerce la loi israélienne, dont le plateau syrien du Golan et Jérusalem-Est, deux territoires annexés par Israël, avant la ratification d'éventuels traités de paix avec Damas et les Palestiniens.

Cette loi prévoit toutefois une dispense de consultation populaire si une majorité qualifiée des deux tiers (80 députés sur 120) se prononce pour un retrait.

La Syrie et les Palestiniens ont rejeté cette décision, rappelant que le droit international exigeait le retrait de Jérusalem-Est et du Golan, considérés comme des territoires occupés par la communauté internationale, qui n'a jamais reconnu leur annexion.

Par cette loi, Israël «montre qu'il rejette les principes d'une paix juste et globale prévus par les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU et par le principe de l'échange de la terre contre la paix», affirme le ministère syrien des Affaires étrangères.

Le texte «s'adresse à ceux qui se font encore des illusions sur le gouvernement israélien et qui pensent qu'il recherche la paix», selon le ministère.

Le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a pour sa part vu dans cette initiative une nouvelle justification de son appel à la communauté internationale à «reconnaître l'État palestinien dans ses frontières de 1967».

«Avec l'adoption de ce texte, la direction israélienne tourne une fois encore en dérision le droit international qui n'est pas soumis aux caprices de l'opinion publique israélienne», a-t-il estimé.

En Israël, le ministre de la Défense Ehud Barak a émis des doutes sur le caractère «nécessaire ou urgent de cette loi qui pourrait être utilisée par les ennemis d'Israël, en leur permettant d'affirmer qu'Israël s'oppose à la paix en s'entravant lui-même pour éviter d'avancer dans le processus de paix».

La Syrie et Israël avaient repris en mai 2008 des négociations de paix indirectes par le biais de la Turquie, interrompues à la suite du déclenchement en décembre 2008 d'une vaste opération israélienne dans la bande de Gaza.

Sur le volet palestinien, la reprise des négociations est toujours suspendue à un accord avec Washington sur les garanties écrites réclamées par le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou pour décréter un nouveau moratoire de 90 jours de la construction de logements dans les colonies de Cisjordanie.

«Les contacts avec les Américains se poursuivent. Les deux côtés font preuve de bonne volonté pour parvenir à un arrangement écrit qui pourra ensuite être soumis au cabinet de sécurité», a indiqué le bureau du Premier ministre.

Selon la radio publique, M. Nétanyahou récusait ainsi les déclarations du ministre de l'Intérieur et chef politique du parti ultra-orthodoxe Shass, Elie Yishaï, qui a décrit la situation comme une «impasse».

En position d'arbitre avec deux ministres sur les 15 du cabinet de sécurité, le Shass exige que Washington s'engage par écrit à ce que le nouveau moratoire ne concerne pas Jérusalem-Est, ne soit pas prolongé et à permettre ensuite le lancement de milliers d'appels d'offres pour la construction de logements dans les colonies.