Des centaines de personnes ont assisté dans une église bondée du centre de Bagdad aux funérailles d'une partie des victimes de l'attaque menée dimanche par un commando d'Al-Qaïda contre la cathédrale syriaque catholique de la capitale irakienne, qui a fait 53 morts.

La messe a débuté peu après 13h (6h heure de Montréal) dans l'église chaldéenne Saint-Joseph, dans le quartier commerçant de Karrada, non loin de la cathédrale Sayidat al-Najat (Notre-Dame du Perpétuel secours), où s'est déroulé le carnage qui a suscité une vague d'indignation en Irak et à l'étranger.

«Ils étaient venus à l'église pour prier Dieu et pour faire leur devoir religieux, mais la main du Diable est entrée en ce lieu de culte pour tuer», a déclaré dans son sermon le plus haut dignitaire chrétien irakien, le cardinal Emmanuel III Delly, chef de l'église chaldéenne.

Seuls sept cercueils étaient rassemblés dans l'édifice au début de l'office, mais celui-ci a été plusieurs fois interrompu par l'entrée de huit autres, longuement applaudis par les 700 personnes massées dans une église ornée de nombreuses couronnes de fleur, selon un journaliste de l'AFP.

Selon une source au sein du ministère de l'Intérieur, 46 fidèles ont été tués et 60 blessés dimanche soir, et sept membres des forces de sécurité ont également trouvé la mort lors de l'assaut.

Les prières, destinées à l'ensemble des victimes de cette attaque, l'une des plus meurtrières contre la communauté chrétienne en Irak, étaient couvertes par les gémissements et les pleurs des proches en deuil.

«Nous n'avons pas peur de la mort et des menaces», a lancé le cardinal, alors que de nombreux chrétiens ont confié depuis dimanche vouloir quitter l'Irak. «Nous sommes les fils de ce pays et resterons en Irak main dans la main avec nos frères musulmans pour glorifier le nom de l'Irak».

L'ensemble des confessions, des ethnies et des partis politiques irakiens étaient représentés dans l'église.

Le gouvernement irakien a de son côté annoncé mardi que des sanctions seraient prises contre les responsables de la sécurité du quartier de Bagdad où a eu lieu l'attaque.

«Le gouvernement va soigner les blessés, indemniser les familles de victimes et financera immédiatement la réparation de l'église», a indiqué en outre dans un communiqué le porte-parole du gouvernement, Ali al-Dabbagh.

Avant la messe, une procession avait accompagné les cercueils des deux prêtres tués dimanche -le père Wassim Sabih, 27 ans, et le père Athir, alias Taher Saadallah Boutros, 32 ans- jusqu'à l'église Saint-Joseph.

Selon des rescapés, un commando lourdement armé a pris d'assaut la cathédrale dimanche, veille de Toussaint, peu après le début de la messe.

«Taher était en train de prier et de lire un passage de la Bible quand les hommes armés sont arrivés», a indiqué l'oncle du prêtre, Salem Ablahad Boutros, rapportant le récit de survivants.

«Il a dit: 'tuez-moi mais laissez les fidèles en paix'», a ajouté ce menuisier de 48 ans.

Témoin de la scène, un jeune homme de 24 ans qui s'est présenté sous le nom de Steven, a raconté la suite: «les hommes armés lui ont dit 'convertis toi à l'islam car de toutes façons tu vas mourir' et lui ont tiré une balle dans la tête».

«Les deux prêtres tués dans l'attaque seront enterrés dans le cimetière attenant à l'église Notre-Dame, car ils sont inséparables», a indiqué à l'AFP le vicaire épiscopal syriaque catholique de Bagdad, Mgr Pios Kasha.

Mardi, le plus influent dignitaire chiite irakien, l'ayatollah Ali Sistani, a joint sa voix à la vague de condamnations que cette attaque a déclenchée en Irak comme à l'étranger.

Cette attaque risque de pousser un peu plus vers l'exil les membres de la  communauté chrétienne, passée de 800 000 fidèles à 500 000 depuis 2003.