Le Yémen a annoncé lundi un renforcement draconien de la sécurité dans ses aéroports, alors que le Premier ministre britannique évoquait une «menace accrue» venant de ce pays, après la découverte vendredi à Dubaï et en Grande-Bretagne de deux colis piégés en provenance de Sanaa.

Les autorités yéménites ont décidé de fouiller toutes les cargaisons quittant le pays et de créer une unité spéciale chargée de la protection des aéroports.

Elles ont en outre arrêté «de nouveaux suspects» et en ont relâché d'autres parmi des employés locaux des compagnies de transport aérien FedEx et UPS, interpellés samedi, selon une source des services de sécurité.

Dimanche soir, elles avaient libéré une étudiante arrêtée la veille, dont le numéro de téléphone figurait sur le bordereau d'un des deux colis et qui avait été victime, selon les autorités, d'une «usurpation d'«identité. Le deuxième colis a été envoyé par un homme, selon la source des services de sécurité.

Les États-Unis ont décidé d'envoyer au Yémen des experts en fret aérien.

John Pistole, chef de l'administration américaine de la sécurité des transports (TSA), a expliqué sur la chaîne CBS que ces experts auraient pour tâche de fournir une formation et des équipements aux agents de sécurité de l'aéroport de Sanaa chargés d'examiner le fret à destination des États-Unis.

Il a précisé que l'aide apportée par les experts de la TSA servirait surtout après la levée de l'interdiction temporaire d'envoi de fret du Yémen vers les États-Unis, décidée par Washington après la découverte des colis.

A Londres, le Premier ministre David Cameron a sonné l'alarme.

«A un moment où nous sommes à juste titre engagés en Afghanistan pour nous opposer aux terroristes là-bas, la menace en provenance de la péninsule arabique et du Yémen en particulier s'est accrue», a-t-il déclaré devant la Chambre des Communes, la chambre basse du Parlement.

«Le fait que le dispositif (constitutif d'une bombe, NDLR) ait été transporté du Yémen, vers les Emirats arabes unis, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, puis enfin les États-Unis montre l'intérêt à ce que le monde entier se regroupe pour faire face à ce problème», a-t-il dit.

«Nous devons clairement faire tout notre possible pour travailler en collaboration avec nos partenaires dans le monde arabe afin d'éradiquer le cancer terroriste qui se dissimule dans la péninsule arabique», a-t-il ajouté.

La ministre britannique de l'Intérieur, Theresa May, a annoncé l'extension à la Somalie de la suspension des vols fret déjà en vigueur pour le Yémen, évoquant des «contacts possibles entre Al-Qaïda au Yémen et des organisations terroristes en Somalie».

L'Allemagne a de son côté décidé d'interdire les vols passagers provenant du Yémen. Elle a ainsi étendu l'interdiction qu'elle avait décidée samedi concernant le fret, comme la France et la Grande-Bretagne.

Pour sa part, le Nigeria a renforcé la sécurité des vols de fret pour les États-Unis, selon des responsables de la sécurité aéroportuaire.

Ces mesures surviennent à la suite de l'interception vendredi dans les aéroports de Dubaï et d'East Midlands, en Angleterre, de deux colis piégés, par Al-Qaïda selon les États-Unis, provenant de Sanaa et adressés à des lieux de culte juifs à Chicago.

Ces colis «auraient entraîné des dommages considérables» s'ils avaient explosé, selon une source gouvernementale allemande.

Celui intercepté à Dubaï et acheminé sur un vol passager de Qatar Airways contenait 300 g de penthrite, tandis que celui intercepté en Grande-Bretagne après avoir transité par l'Allemagne en contenait 400 g, d'après cette source.

Selon la BBC, la découverte des colis a suivi un renseignement donné par Jabr al-Faifi, un ancien d'Al-Qaïda au Yémen, qui s'est rendu aux autorités saoudiennes il y a deux semaines. Faifi est un ancien détenu de la base américaine de Guantanamo, qui s'était enfui au Yémen pour y rejoindre Al-Qaïda.