La guerre en Afghanistan est entrée jeudi dans sa 10e année alors que les forces internationales cherchent une stratégie de sortie et que les signes de négociations entre des talibans et le gouvernement du président Hamid Karzaï se multiplient.

Le président Karzaï a officiellement inauguré le Haut conseil de la paix, chargé d'établir des contacts avec les insurgés.

«Chaque province, chaque district, chaque village attendent du Haut conseil de la paix des efforts. Des efforts pour rétablir la paix sur cette terre», a déclaré le chef de l'État afghan lors de l'inauguration du conseil.

Cette commission - qui comprend près de 70 membres, dont des chefs de guerre, des femmes et des membres du gouvernement - se veut une enceinte de négociations et doit représenter l'ensemble de la société dans des discussions de paix avec les talibans.

L'inauguration de ce conseil intervient 9 ans jour pour jour après le début de l'offensive lancée par les Américains et les Britanniques pour renverser les talibans.

Le 7 octobre 2001, des missiles de croisière Tomahawk et des bombes larguées par des bombardiers B1 et B52 frappaient Kaboul et plusieurs villes d'Afghanistan: l'opération «Justice sans limite» commençait. Et deux mois plus tard, le régime des talibans tombait.

Neuf ans après, ce qui ne devait être qu'une chasse aux commanditaires des attentats du 11-Septembre a tourné au bourbier et au casse-tête politico-militaire.

Le nombre de soldats des forces internationales a été multiplié par dix, les Afghans ont voté à quatre reprises pour élire leur président et leurs députés, des milliards de dollars d'aide internationale ont afflué dans le pays, mais le constat est clair: depuis trois ans, l'insurrection a gagné du terrain et en intensité et les pertes des forces internationales, comme celles des civils, atteignent un niveau record.

Après la mort jeudi d'un soldat allemand dans un attentat suicide dans le nord, 354 militaires des forces internationales sont morts depuis le début de l'année dans le cadre des opérations militaires.

Du coup, l'idée qu'une négociation avec les insurgés est la seule solution pour mettre fin au conflit n'a jamais été aussi largement partagée.

Le patron des forces américaines et internationales en Afghanistan, le général David Petraeus, a indiqué fin septembre à l'AFP que des talibans avaient commencé à «approcher» le gouvernement et les militaires étrangers pour déposer les armes. «Ce sont les toutes premières étapes. Je ne pense pas qu'on puisse parler de négociations, il s'agit des toutes premières discussions», avait déclaré le général américain, qui commande plus de 152.000 militaires étrangers déployés.

«Certains viennent voir le gouvernement, d'autres viennent nous voir», avait-il précisé.

«La réconciliation avec les hauts responsables des talibans est du domaine du gouvernement afghan», avait souligné le général Petraeus, confirmant que de hauts responsables des insurgés avaient pris contact avec Kaboul.

Le Washington Post a rapporté mercredi que, pour la première fois, des représentants autorisés du commandement suprême des talibans dirigé par le mollah Mohammad Omar menaient en secret des pourparlers avec le gouvernement.

Des sources ont indiqué au quotidien américain que les dirigeants talibans savent «qu'ils vont être marginalisés» et qu'ils ont décidé de participer aux pourparlers pour maintenir leur position au sein de la direction des insurgés.

Dans un communiqué publié pour le 9e anniversaire de l'opération «Justice sans limite», le commandement des talibans a affirmé contrôler 75% de l'Afghanistan. «Les bastions de la résistance et du jihad contre les envahisseurs américains et leurs alliés n'ont jamais été aussi solides», estime le commandement.