Des dizaines de colons pacifistes et de Palestiniens ont manifesté ensemble mardi à l'entrée du village palestinien de Beit Fajjar en Cisjordanie occupée où une mosquée a été incendiée la veille, un geste rare de solidarité.

«Nous sommes tous les fils d'Abraham et nous voulons protester ensemble contre cet acte de vandalisme», a déclaré Nahum Patchénik, un des organisateurs de la manifestation, qui vit dans une colonie voisine de Beit Fajjar, près de Bethléem dans le sud de la Cisjordanie.

Six rabbins de colonies proches du village se sont rendus à la mosquée avec un carton d'exemplaires du Coran pour remplacer ceux qui ont brûlé. Arrivés dans deux jeeps blindées, accompagnés par une petite escorte militaire israélienne, ils ont été applaudis par plusieurs centaines de Palestiniens.

«Nous accueillons les Juifs à Beit Fajjar pour qu'ils puissent voir de leurs propres yeux le crime commis dans cette mosquée, contre l'humanité et la religion», a expliqué le gouverneur de Bethléem, Abdel Fattah Hamayel.

La mosquée a été endommagée par un incendie perpétré par des colons juifs, selon des témoins et les autorités palestiniennes. Six hommes armés ont tracé sur le mur de la mosquée des inscriptions vengeresses ou insultantes en hébreu, avant de pénétrer à l'intérieur et de mettre le feu. Quinze Corans et des tapis ont été endommagés.

«Il était important de se rendre à Beit Fajjar afin de montrer que les colons ne sont pas tous des gens qui veulent la guerre mais que nous voulons vivre en bon voisinage», a déclaré à l'AFP le rabbin Menahem Frouman, l'un des fondateurs d'Eretz Shalom (Une Terre de Paix), un petit mouvement qui milite pour une cohabitation entre colons et Palestiniens.

«Ceux qui agissent contre la paix agissent contre Dieu», a-t-il dit en lançant «Dieu est le plus Grand» en hébreu et en arabe, aux côtés d'un religieux musulman.

«Nous sommes de la même famille et sommes obligés de vivre en bon voisinage», a affirmé de son côté Abed Farajallah, un Palestinien venu du village de Kfar Idna pour protester avec ses «voisins colons».

«Ceux qui ont fait cela ne veulent pas la paix mais nous devons continuer le dialogue entre Israéliens et Palestiniens», a-t-il ajouté.

La manifestation commune n'a cependant pas fait l'unanimité, déclenchant quelques jets de pierres de jeunes Palestiniens en direction des soldats israéliens, selon des témoins.

Les autorités israéliennes ont dénoncé l'attaque contre la mosquée, qualifiée de «grave acte de vandalisme», et ouvert des enquêtes.

À Washington, le département d'État a condamné «dans les termes les plus fermes» l'incendie et a demandé que ses auteurs «soient déférés devant la justice».

Plusieurs mosquées ont été récemment la cible d'attaques ou touchées par des incendies, imputés à des colons extrémistes, mais dont les auteurs n'ont jamais été retrouvés.