Une mosquée de Cisjordanie a été endommagée lundi avant l'aube par un incendie perpétré par des colons juifs, selon des témoins et les autorités locales palestiniennes.

Six hommes armés sont arrivés en voiture vers 3H00 locales (21H00 dimanche HNE) dans le village de Beit Fajjar, près de Bethléem dans le sud de la Cisjordanie, et se sont arrêtés devant la mosquée, ont affirmé des témoins palestiniens à l'AFP.

Ils ont tracé sur le mur de l'édifice des inscriptions vengeresses ou insultantes en hébreu, avant de pénétrer à l'intérieur et de mettre le feu, selon eux. Ils sont repartis une vingtaine de minutes après leur arrivée.

Parmi les six hommes, plusieurs portaient une kippa et l'un était masqué, a-t-on précisé, assurant qu'il s'agissait de colons.

Quinze Corans et des tapis ont été endommagés au cours du sinistre, a précisé à l'AFP un responsable de la municipalité, Ali Sawabta.

Un couple de colons avait été légèrement blessé par balles le 26 septembre près de Hébron, au sud de Bethléem. Le 31 août, quatre colons avaient été tués près de la colonie juive de Kyriat Arba, également dans la région d'Hébron, dans une attaque revendiquée par la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Le chef d'état-major israélien, le général Gaby Ashkénazi, a dénoncé dans un communiqué un «grave acte de vandalisme» et assuré que «l'armée en coordination avec des responsables de la sécurité palestinienne enquêtait pour en retrouver les auteurs».

La police israélienne a ouvert de son côté une enquête, a déclaré à l'AFP son porte-parole Micky Rosenfeld, ajoutant que des experts israéliens étaient sur place pour déterminer l'origine de l'incendie, mais sans se prononcer sur l'identité des auteurs.

Le chef du bloc d'implantations juives du Goush Etzion, en Cisjordanie, Shaoul Goldstein, a condamné de tels actes à la radio militaire, tout en affirmant que les auteurs n'étaient pas forcément des juifs.

Plusieurs mosquées ont été cette année la cible d'attaques ou touchées par des incendies.

Un incendie, «très vraisemblablement» d'origine criminelle, selon les pompiers israéliens, avait ainsi endommagé en mai une mosquée dans le nord de la Cisjordanie. Il avait été imputé par les Palestiniens à des colons, mais les auteurs n'ont pas été identifiés.

En avril, des colons avaient vandalisé une mosquée à Houwara, près de Naplouse, dans la même région. Ils avaient écrit le nom en hébreu du prophète Mahomet assorti de l'étoile de David, symbole du judaïsme, sur l'un des murs.

En février, cinq colons avaient par ailleurs été arrêtés, soupçonnés d'avoir provoqué un incendie ayant endommagé une mosquée dans le nord de la Cisjordanie en décembre. Après plusieurs jours de garde à vue et d'assignation à résidence, ils avaient tous été relâchés faute de preuve.

Plusieurs de ces attaques avaient été attribuées à des colons extrémistes pratiquant depuis des mois une politique de représailles systématiques -dite du «prix à payer»- qui consiste à attaquer des cibles palestiniennes chaque fois que les autorités israéliennes prennent des mesures qu'ils considèrent comme allant à l'encontre de la colonisation.

Dans un communiqué publié à Damas, le Hamas a dénoncé l'incendie de la mosquée de Beit Fajjar comme «une dangereuse agression», y voyant le fruit d'«une politique raciste contre l'islam et le peuple palestinien» et d'«une tentative avortée de nuire à la volonté du peuple et de la résistance» palestiniens.

Le Hamas a appelé l'Autorité palestinienne à «cesser définitivement les négociations» avec Israël et de «revenir à l'option de l'unité palestinienne (...) afin de défendre les droits».