Deux semaines après son cessez-le-feu, le groupe basque armé ETA s'est dit prêt dimanche à dialoguer avec des médiateurs internationaux, mais cela devrait être insuffisant pour le gouvernement espagnol, qui exige le dépôt définitif des armes.

Le communiqué de l'ETA a été publié en basque par les journaux Gara et Berria, proches des milieux indépendantistes, et seule une partie du texte a été traduite en espagnol par les médias.

Affaibli par les arrestations de ses membres ces dernières années, le groupe armé est soumis à la pression de sa vitrine politique Batasuna (interdite depuis 2003) qui l'exhorte à arrêter la violence pour qu'elle puisse participer aux élections municipales basques de 2011.

L'annonce survient quelques jours après l'arrestation de neuf dirigeants d'Ekin, un groupe de soutien de l'ETA déclaré illégal.

«Devant l'entêtement de la France et de l'Espagne, l'ETA a de nouveau mis à la mer le bateau qui doit permettre la résolution démocratique du conflit. Elle a pris la première décision sans jeter l'ancre, prête à naviguer dans des eaux plus profondes».

L'organisation indépendantiste basque se dit disposée à rencontrer des médiateurs internationaux afin d'«étudier avec eux les étapes nécessaires au processus démocratique, y compris les engagements que doit adopter l'ETA».

Les médiateurs désignés font partie des 21 signataires de la Déclaration de Bruxelles, un texte adopté le 30 mars qui appelait le groupe basque à «un cessez-le-feu permanent et complètement vérifiable».

Dans les extraits publiés dimanche, l'ETA ne dit pas précisément qu'elle respectera cette demande.

L'ETA souhaite rencontrer les prix Nobel de la Paix, les Sud-Africains Desmond Tutu, Frederick de Klerk, l'ancien dirigeant d'Irlande du Nord John Hume, ainsi que l'ex-présidente irlandaise Mary Robinson, selon El Pais.

«(Depuis) six mois l'ETA n'a mené aucune action armée. À cette époque, l'ETA avait déjà donné l'ordre à ses groupes opérationnels de cesser leurs actions», assure l'organisation.

Pendant ce temps, «les États espagnol et français se sont montrés sourds et se sont entêtés dans la voie stérile de la répression. Ce n'est pas suffisant, disent-ils (à l'ETA). Ca suffit, crions-nous.(...) Chaque fois qu'il y a une occasion, le gouvernement espagnol y voit du danger».

Pour arriver à une fin «définitive» du conflit, la solution «doit se construire par des engagements multilatéraux et via le dialogue et la négociation», dit l'ETA. «S'il y a la volonté démocratique, aujourd'hui il est possible de trouver une solution au conflit».

Avec ce message, l'ETA espère sans doute obtenir un plus grand écho que son annonce de cessez-le-feu du 5 septembre, dont les contours flous ont été accueillis froidement par la presse et la classe politique.

Le gouvernement lui-même avait mis près de 24 heures à réagir, pour juger «insuffisante» cette annonce et exiger un arrêt total, définitif et sans condition de la lutte armée.

Signe du manque de crédibilité de l'ETA, peu de journaux espagnols consacraient dimanche leur une au nouveau communiqué.

Le gouvernement, qui n'avait pas réagi officiellement dimanche en fin de matinée, est toujours insatisfait, selon plusieurs médias.

«Ce n'est pas le moment des communiqués», car la seule chose que doit faire l'ETA est «d'abandonner son activité armée et se dissoudre», indique une source gouvernementale citée par les médias.

L'organisation armée, considérée comme terroriste par l'Union européenne et les États-Unis, est tenue pour responsable de la mort de 829 personnes en 50 ans de violences.