Au moins 54 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées vendredi dans deux attentats suicide visant les minorités religieuses, cibles fréquentes des talibans alliés à Al-Qaïda et autres radicaux dans une campagne de terreur qui ensanglante le Pakistan depuis trois ans.

«D'après les informations en provenance des hôpitaux, 53 personnes ont été tuées et 197 blessées» à Quetta, a déclaré au téléphone à l'AFP Sardar Khan, un responsable de la police de cette ville, la capitale de la province du Baloutchistan, dans le sud-ouest.

Un kamikaze a actionné les explosifs remplissant sa veste au beau milieu d'un rassemblement de chiites, minoritaires, car représentant à peine 20% des 170 millions de Pakistanais, sunnites à près de 80%, a expliqué Mohammad Shaban, le chef de la police criminelle de la cité.

Les victimes participaient à une manifestation anti-israélienne et de soutien aux Palestiniens, a-t-il précisé.

Auparavant, à Mardan, petite ville du nord-ouest située non loin des fiefs talibans, un homme avait fait exploser sa bombe sur le trottoir, tuant un passant et en blessant quatre autres, a dit le chef de la police locale, Waqif Khan.

Le bilan aurait pu être bien plus lourd sans la présence d'esprit de policiers qui gardaient un lieu de culte de la minorité ahmadie: ils ont en effet ouvert le feu sur le suspect qui tentait de forcer l'entrée du bâtiment où priaient une trentaine de fidèles.

Les ahmadis, aussi appelés qadianis, vivent en cachant leur appartenance, et il est donc difficile d'évaluer leur nombre. Ils prônent un islam moderniste et libéral et jouent un rôle principalement dans le développement et l'aide aux défavorisés.

La communauté Ahmadiya est considérée par les autres principales écoles de l'islam -sunnite et chiite- comme non musulmane, voire hérétique. Ses fidèles n'ont officiellement pas le droit de pratiquer ouvertement leur culte au Pakistan, à l'instar d'autres pays musulmans. L'Organisation de la conférence islamique (OCI) les a déclarés non musulmans en 1973, leur interdisant le pèlerinage à La Mecque.

Les zones tribales du nord-ouest, frontalières de l'Afghanistan, sont le bastion du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP) allié à Al-Qaïda et le principal sanctuaire dans le monde des cadres d'Al-Qaïda.

Plus de 3 600 personnes ont été tuées en trois ans dans près de 400 attentats -suicide pour la plupart- perpétrés au Pakistan, essentiellement par le TTP ou des groupes qui lui sont liés.

Le Mouvement des Talibans du Pakistan a déclaré à l'été 2007 la «guerre sainte» à Islamabad pour son soutien à Washington et vise régulièrement les forces de sécurité, les bâtiments officiels, mais aussi, de plus en plus, les civils.

Le TTP «sous-traite» certains attentats à d'autres groupes radicaux sunnites, notamment ceux visant les minorités religieuses, affirment les responsables pakistanais de la lutte antiterroriste.

Mercredi soir, un triple attentat visant une procession chiite à Lahore, la grande ville de l'est, avait fait 31 morts et près de 200 blessés dans une foule compacte qui s'apprêtait à rompre le jeûne du Ramadan.

Le 1er juillet, à Lahore aussi, un double attentat suicide dans un mausolée soufi -une autre école de pensée musulmane honnie par les radicaux- avait fait 43 morts parmi d'innombrables pèlerins.

Et le 28 mai dans la même ville, des kamikazes avaient fait exploser leurs bombes dans deux mosquées des ahmadis, tuant 82 personnes.