De nouveaux heurts armés ont éclaté dimanche dans le sud du Yémen au lendemain d'une attaque sanglante contre l'armée attribuée à Al-Qaïda, alors que les autorités ont nié toute implication de troupes occidentales dans leur lutte contre le réseau extrémiste.

En dépit de la recrudescence des attaques dans cette région où neuf soldats et un civil ont péri dans une attaque à la roquette et la mitraillette samedi, le gouvernement yéménite a réaffirmé être capable de venir seul à bout du groupe d'Oussama ben Laden.

Selon des sources de sécurité et des témoins, des accrochages se sont produits à l'aube dans la ville de Loder, dans la province d'Abyane, théâtre ces derniers jours de très violents combats entre l'armée et des hommes armés soupçonnés d'appartenance à Al-Qaïda qui ont fait au moins 33 morts.

«Les troupes encerclent toujours des éléments terroristes retranchés dans quelques repaires à Loder» et ratissent la ville à leur recherche, a affirmé le ministère de la Défense dans un communiqué, après que l'armée a dit le 24 août avoir repris le contrôle de la plus grande partie de Loder.

La reprise des accrochages intervient en dépit d'une médiation de dignitaires tribaux, qui se sont engagés à obtenir le retrait des éléments d'Al-Qaïda de Loder, selon un responsable local.

Le groupe Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa) est très actif dans le sud du Yémen, où les attaques contre les forces de sécurité et les responsables gouvernementaux se sont multipliées ces derniers mois.

Samedi, neuf soldats et un civil ont été tués dans une attaque attribuée à Al-Qaïda contre un poste militaire dans la province d'Abyane, selon un dernier bilan.

«L'un des soldats survivants a raconté que les assaillants, qui criaient Allah Akbar (Dieu est grand), disaient vouloir venger leurs morts à Loder», a déclaré un responsable de la sécurité, en allusion à Al-Qaïda.

Vendredi et mercredi, des hommes armés avaient tué un soldat et quatre policiers dans des attaques dans le sud.

Un communiqué signé Al-Qaïda a revendiqué ces attaques. Mais le texte n'a pu être authentifié.

Dans ce contexte de violences, les autorités yéménites ont redit leur capacité de lutter seules contre «le terrorisme».

«La collaboration du Yémen avec la communauté internationale dans la lutte antiterroriste, que ce soit avec les Etats-Unis ou tout autre pays, se limite à l'échange d'informations qui facilitent la traque des terroristes», a dit un porte-parole officiel sur le site du ministère de la Défense, 26sep.net.

«Le Yémen n'accepte aucune présence militaire étrangère sur son sol et a des services de sécurité forts et capables de lutter contre le terrorisme», a-t-il ajouté.

«Nous sommes surpris des allégations sans fondement de certains médias sur la présence de soldats britanniques et de forces américaines pour aider à combattre le terrorisme au Yémen», selon lui.

Mercredi, un spécialiste américain de la lutte antiterroriste parlant sous couvert de l'anonymat a indiqué que Washington était de plus en plus préoccupé par la menace d'Al-Qaïda au Yémen, en parlant d'un danger «virulent».

L'ambassade des Etats-Unis à Sanaa a annoncé la semaine dernière sur son site internet avoir suspendu «tous les déplacements non essentiels de son personnel en raison des menaces d'Al-Qaïda» et appelé les Américains à éviter les lieux fréquentés par les étrangers et les endroits sans présence policière.

La communauté américaine du renseignement avait tiré la sonnette d'alarme sur la branche yéménite d'Al-Qaïda avant même la tentative ratée d'attentat sur un avion de ligne se rendant à Detroit le jour de Noël 2009. Cet attentat raté a été revendiqué par l'Aqpa, née de la fusion en janvier 2009 des branches saoudienne et yéménite du réseau extrémiste.