Les deux principales listes irakiennes ont rompu lundi leurs négociations alors que le pays est incapable de se doter d'un nouveau gouvernement cinq mois après les élections législatives qui n'ont donné à aucun des partis la capacité de gouverner seul.

Le Bloc irakien de l'ex-premier ministre laïc Iyad Allawi, qui s'est largement imposé dans les régions sunnites, a rompu ses négociations avec l'Alliance de l'État de droit (AED) du chef du gouvernement sortant Nouri al-Maliki, a annoncé lundi une porte-parole de M. Allawi.

«Nous avons cessé les négociations avec l'Alliance de l'État de droit», a déclaré à l'AFP Mayssoun Damalouji, porte-parole de ce bloc.

«La raison est que dans une interview à la télévision, M. Maliki a déclaré que le Bloc irakien était un bloc sunnite», a-t-elle ajouté, en référence à un entretien qui doit être diffusée dans la journée par la chaîne satellitaire Horra, financée par les États-Unis.

«Nous ne sommes pas sunnites. Notre projet est national», a-t-elle insisté.

«Nous lui demandons de présenter ses excuses», a-t-elle ajouté. «Sans excuses, nous ne négocierons pas».

Les principales formations ne sont toujours pas parvenues à trouver un accord pour former une coalition de gouvernement, et les dissensions demeurent totales sur la question cruciale du nom du prochain premier ministre.

Arrivé en tête du scrutin avec 91 sièges sur 325, l'ex-premier ministre Allawi, un chiite défendant un programme laïque, a fait le plein des voix dans les régions sunnites et est arrivé en troisième position dans les provinces chiites. Il revendique son droit à former un gouvernement.

Mais son principal rival pour le poste de chef du gouvernement, le chiite Nouri al-Maliki, dont l'AED (89 sièges) a forgé avec les partis religieux chiites de l'Alliance nationale irakienne (ANI -70 sièges-) une alliance à laquelle il manque quatre sièges pour être majoritaire.

Problème pour M. Maliki, ses «alliés» de l'ANI s'opposent à son maintien au poste de premier ministre.

Le blocage politique préoccupe notamment les États-Unis, engagés dans un processus de retrait de leurs forces en Irak. La mission de combat des forces américaines s'achèvera officiellement le 31 août. L'ensemble du contingent américain, actuellement de l'ordre de 60 000 hommes, doit avoir quitté le pays fin 2011.

Washington a multiplié en juin et juillet les initiatives diplomatiques pour convaincre les dirigeants irakiens de mettre de côté leurs ambitions personnelles pour former un gouvernement incluant toutes les confessions et ethnies, à même d'empêcher un retour des violences confessionnelles.

Au vu de la persistance des violences en Irak, le chef d'état-major irakien Babaker Zebari a pour la première fois jugé la semaine dernière prématuré le retrait total des Américains fin 2011.