Le président syrien et le roi saoudien ont appelé vendredi les Libanais à éviter tout recours à la violence pour régler leur différends, lors d'une visite historique dans le pays menacé d'une nouvelle crise liée à l'assassinat du dirigeant Rafic Hariri.

Bachar al-Assad et le roi Abdallah ont souligné «l'importance de la stabilité (et) de l'engagement (des Libanais) à ne pas recourir à la violence», a indiqué un communiqué de la présidence libanaise, à l'issue de cette visite à Beyrouth, la première du président syrien depuis l'assassinat en 2005 de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, meurtre pour lequel son pays avait été pointé du pays.

Les deux dirigeants et le président libanais Michel Sleimane ont appelé les parties libanaises à «recourir aux institutions légales et constitutionnelles ainsi qu'au gouvernement d'union nationale pour régler les différends», selon le texte publié après cette visite de quatre heures.

Les deux puissances régionales cherchent à mettre tout leur poids pour éviter une nouvelle crise au Liban.

Le 22 juillet, le chef du mouvement chiite Hezbollah, Hassan Nasrallah, a annoncé qu'il s'attendait à ce que le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), créé par l'ONU, accuse des membres de son parti d'implication dans le meurtre de Rafic Hariri.

La perspective d'une telle accusation fait ainsi craindre de nouvelles violences confessionnelles comme celles qui avaient opposé en 2008 des partisans du sunnite Saad Hariri, fils de Rafic, et ceux du Hezbollah, faisant une centaine de morts en une semaine.

Un gouvernement d'union nationale, dirigé par Rafic Hariri et comprenant deux ministres du Hezbollah, a vu le jour en novembre 2009.

Le roi Abdallah et le président Assad ont souligné l'importance de «poursuivre la voie de l'apaisement, du dialogue et du renforcement de l'union nationale».

Interrogé sur l'issue de ses entretiens à huis clos avec son homologue libanais à la suite du sommet, M. Assad les a qualifiés d'«excellents».

Pour cette visite placée sous haute sécurité, les drapeaux saoudien et syrien, ainsi que d'immenses portraits du monarque ont été accrochés le long des routes de la capitale libanaise.

Arrivés à bord de l'avion du roi en provenance de Damas, le président syrien et le monarque ont quitté Beyrouth en fin d'après-midi. Le roi Abdallah s'est rendu à Amman et M. Assad est rentré en Syrie. Il s'agissait de la première visite d'un roi saoudien au Liban depuis 1957.

Après le meurtre d'Hariri, le régime de M. Assad a été contraint de retirer ses troupes du Liban après 30 ans de tutelle, marquant le début d'une longue période d'animosité entre les deux voisins. Damas dément toute implication dans ce crime.

La Syrie, aux côtés de son allié chiite l'Iran, est le principal soutien au Hezbollah qui prône la lutte contre Israël, tandis que l'Arabie saoudite est le plus important allié régional de Saad Hariri.

Le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem a d'ailleurs rencontré à huis clos des députés du Hezbollah, tandis que le roi saoudien s'est entretenu en tête-à-tête avec M. Hariri à sa résidence.

Les relations entre Damas et Ryad, distendues après l'assassinat de l'ex-Premier ministre, se sont réchauffées fin 2009.

Ce rapprochement s'est répercuté positivement sur les liens entre Beyrouth et Damas, qui ont établi en 2008, des relations diplomatiques.

Jusqu'avant la première visite à Damas fin 2009 de Saad Hariri, son camp était virulent à l'égard du régime syrien, accusé aussi d'avoir planifié l'assassinat de plusieurs personnalités libanaises après celui de l'ex-Premier ministre.