La marine israélienne a arraisonné samedi le cargo d'aide irlandais Rachel Corrie, en route pour la bande de Gaza, et pris le contrôle du navire sans violences, cinq jours après un assaut sanglant sur une flottille humanitaire internationale.

Le Rachel Corrie, escorté par deux vedettes et sur la coque duquel on pouvait lire «Free Gaza» (Liberté pour Gaza), a accosté en fin d'après-midi dans le port israélien d'Ashdod, au sud de Tel-Aviv.

Les militants pro-palestiniens à bord -5 Irlandais, dont le prix Nobel de la paix Mairead Maguire, et 6 Malaisiens- et les 8 membres d'équipage ont été transférés dans un centre du service de l'immigration à l'aéroport International de Tel Aviv.

Il seront expulsés au plus tôt dimanche, leur départ ayant été retardé du fait du refus des Irlandais «de renoncer à un recours à la justice israélienne contre une telle mesure», selon la porte-parole de ce service .

«Nous tentons de convaincre tous les passagers et membres de l'équipage de signer ce document. Sinon, conformément à la loi, ils risquent d'attendre jusqu'à 72 heures qu'un juge décide de leur sort», a-t-elle précisé.

La cargaison du Rachel Corrie sera transférée à Gaza via le terminal routier frontalier, ont annoncé les autorités israéliennes.

Toutefois, Israël exige que le ciment transporté par le cargo ne soit pas exploité par des groupes armés de Gaza pour construire des bunkers et propose de le transférer à l'ONU pour des projets de construction civils.

Transportant un millier de tonnes d'aide, le Rachel Corrie devait initialement faire partie de la flottille humanitaire internationale arraisonnée lundi lors d'un raid meurtrier par des commandos de marine israéliens.

Il a été abordé par des commandos de Tsahal après avoir refusé à quatre reprises d'obtempérer aux ordres radio lui enjoignant de se dérouter vers le port d'Ashdod, selon l'armée israélienne.

Les autorités israéliennes avaient affirmé à plusieurs reprises qu'elles interdiraient à ce cargo l'accès au port de Gaza.

«Nos forces sont montées à bord du bateau et en ont pris le contrôle sans résistance de la part de l'équipage et des passagers. Tout s'est passé sans violences», a déclaré à l'AFP une porte-parole militaire.

L'abordage a eu lieu dans les eaux internationales, à 21 milles nautiques au nord-ouest d'Ashdod. La zone d'exclusion de la bande de Gaza est de 20 milles nautiques (37 km).

L'enclave de 362 km2, où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, est soumise à un blocus israélien, renforcé en juin 2007 après la prise du pouvoir par la force du mouvement islamiste Hamas au détriment du Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas.

Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou s'est félicité de l'arraisonnement «sans victime» du cargo irlandais.

«Nous avons vu aujourd'hui la différence entre un bateau de pacifistes, avec lesquels nous sommes en désaccord mais dont nous respectons le droit à une opinion différente de la nôtre, et un navire de haine organisé par des extrémistes turcs adeptes du terrorisme», a-t-il affirmé.

Lundi avant l'aube, des commandos de marine israéliens avaient lancé, dans les eaux internationales, un raid contre une flottille humanitaire internationale acheminant plusieurs centaines de militants pro-palestiniens et des tonnes d'aide vers Gaza.

Ce raid a fait neuf tués, huit Turcs et un Américano-Turc, et des dizaines de blessés parmi les passagers, plongeant Israël, condamné de toutes parts, dans une grave crise diplomatique et suscitant la colère de la Turquie, où des procureurs ont lancé une enquête pour d'éventuelles poursuites contre les plus hauts dirigeants israéliens, selon la presse turque.

À Dublin, l'organisation irlandaise qui a affrété le Rachel Corrie, la Campagne de solidarité Irlande-Palestine a dénoncé «le détournement» du bateau et le «kidnapping» de ses passagers.

À Gaza, le Hamas a fustigé «un nouveau grave crime israélien qui vise non seulement tous les Palestiniens mais aussi l'ensemble de la communauté internationale».

Le raid israélien de lundi continue de faire des vagues dans le monde entier. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre Israël samedi en Europe, à Paris, Istanbul et Londres en particulier.

En Israël même des milliers d'Israéliens, juifs et arabes, ont dénoncé l'action du gouvernement lors d'une manifestation de la gauche samedi soir à Tel-Aviv contre la poursuite de l'occupation des territoires palestiniens, au 43e anniversaire de leur conquête réalisée en 1967.