La flottille d'aide qui devait quitter vendredi les eaux internationales au large de Chypre vers Gaza, pour tenter de briser le blocus israélien imposé à l'enclave palestinienne, a reporté son départ à samedi, ont indiqué les organisateurs.

«Nous avons changé les coordonnées à deux reprises parce qu'Israël aurait menacé de capturer le bateau turc, donc on a décidé de reporter le rassemblement de tous les bateaux», a déclaré à l'AFP Audrey Bomse, une des organisatrices du mouvement Free Gaza à l'initiative de cette entreprise.

«Cela a tout retardé d'un jour parce que changer les coordonnées prend du temps (...) Il y a eu également des difficultés techniques avec l'un des bateaux, donc on a dû transférer ses passagers vers le bateau turc», a-t-elle précisé.

«Nous nous retrouvons cet après-midi dans les eaux internationales au large de Chypre. Le gouvernement chypriote ne veut pas que nous partions de Chypre (des eaux chypriotes, ndlr). Je peux seulement supposer qu'on leur a mis la pression», avait indiqué plus tôt Mme Bomse.

Ainsi, entre 25 et 30 hommes politiques étrangers devaient en outre tenter de rejoindre la flottille par le port de Famagouste, en République turque de Chypre du Nord (non reconnue par la communauté internationale), a ajouté Mme Bomse. Des députés d'Irlande, d'Italie, de Norvège et de Bulgarie seront du voyage, selon elle.

La ministre chypriote des Communications Erato Kozakou-Markoullis a rejeté les déclarations sur d'éventuelles pressions d'Israël, assurant qu'il s'agissant d'une décision que Chypre avait prise «seule».

Israël a récemment fait savoir aux ambassadeurs de Grèce, Turquie, Irlande et Chypre, pays d'où devaient partir les bateaux, qu'il interdisait l'arrivée de la flottille à Gaza.

Selon les organisateurs, l'aide de 10 000 tonnes consiste notamment en 100 maisons préfabriquées, 500 fauteuils roulants électriques ainsi que de l'équipement médical. Entre 700 et 800 personnes sont à bord des deux cargos et cinq navires plus petits.

Israël maintient un strict blocus sur la bande de Gaza --sauf pour les produits de première nécessité-- depuis l'arrivée au pouvoir du mouvement islamiste palestinien Hamas en juin 2007.

Israël, qui parle d'une «provocation politico-médiatique», prévoit, si les bateaux refusent de rebrousser chemin, de les arraisonner et les diriger vers le port israélien d'Ashdod, au sud de Tel-Aviv, avant d'interpeller les militants et de les renvoyer dans leur pays.

Les organisateurs de la «Flottille de la paix» se défendent eux d'être dans l'illégalité.

«La chose la plus ignoble, c'est qu'Israël affirme que nous violons la loi internationale en faisant naviguer des bateaux non armés transportant de l'aide humanitaire à des gens qui (en) ont désespérément besoin», souligne l'organisation Free Gaza dans un communiqué.

La France a appelé vendredi Israël à la levée du blocus «sans délai».

«La France (...) exhorte à la pleine mise en oeuvre des dispositions de la résolution 1860 du Conseil de sécurité» de l'ONU, a souligné le porte-parole du le Quai d'Orsay, Bernard Valero.

Cette résolution consécutive à l'opération israélienne meurtrière à Gaza (décembre 2008-janvier 2009) appelle «au libre approvisionnement et à la libre distribution à travers Gaza de l'aide humanitaire, y compris de la nourriture, du carburant et des médicaments».