Au moins 80 personnes ont été tuées vendredi à Lahore, dans l'est du Pakistan, dans les attaques simultanées par des kamikazes lourdement armés de deux mosquées d'une secte très minoritaire de l'islam, les ahmadis.

Des inconnus, équipés de vestes remplies d'explosifs, ont tiré sur les fidèles au fusil d'assaut et lancé des grenades dans les deux lieux de culte en pleine prière du vendredi.

Après deux heures de combats, la police a annoncé avoir pris le contrôle d'une des deux mosquées dans le quartier chic de Model Town et capturé au moins deux assaillants sur trois. Le troisième a fait exploser sa veste suicide. Plus tard, les autorités ont annoncé la fin de la deuxième attaque dans le quartier populaire et fréquenté de Garhi Shahu.

À Model Town, les assaillants étaient trois, ils sont entrés par l'arrière de la mosquée et ont ouvert le feu sur les fidèles, a raconté l'officier de police Rana Ayaz.

«Quelque 80 personnes ont été tuées dans les deux attaques», a déclaré Sajjad Bhutta, chef de l'administration de la municipalité.

Au moins 108 personnes ont été blessées, a ajouté le Dr Rizwan Nasir, chef des services de secours de la ville.

Lahore est la deuxième ville pakistanaise avec plus de huit millions d'habitants.

Le pays connaît depuis bientôt trois ans une vague d'attentats -près de 400, suicide pour la plupart- et d'attaques de commandos perpétrés pour l'essentiel par les talibans alliés à Al-Qaeda, qui a fait près de 3 400 morts dans tout le pays.

Certaines de ces attaques visent des communautés minoritaires de l'islam au Pakistan, les chiites essentiellement, mais aussi les ahmadis, aussi appelés qadianis, notamment à Lahore, berceau de cette obédience qui prône un islam moderniste et libéral et oeuvre principalement dans le développement et l'aide aux défavorisés. Cette secte a été longtemps persécutée au Pakistan, selon des organisations de défense des droits de l'Homme.

Les sunnites et les chiites considèrent les ahmadis comme des hérétiques.

Lahore a été ces derniers mois l'un des principaux théâtres des attaques et attentats perpétrés par les talibans ou des groupes insurgés qui leur sont liés.

Le 12 mars, 57 personnes avaient été tuées et plus de 130 blessées à Lahore dans un double attentat suicide visant des véhicules de militaires à proximité d'un marché fréquenté où les passants se pressaient pour la prière du vendredi.

En un an, neuf attentats et attaques de commandos à Lahore ont fait au moins 265 morts au total.

Les violences -dont de nombreux attentats- à caractère religieux, également commises essentiellement par les talibans sunnites ou des groupes affiliés, visent principalement les chiites. Ceux-ci représentent moins de 20% des 170 millions d'habitants de la République islamique du Pakistan.

Plusieurs des précédentes attaques de Lahore avaient été revendiquées par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principal groupe d'insurgés islamistes, qui a fait allégeance à Al-Qaeda dès sa création en décembre 2007.

Le TTP est le principal responsable de la vague d'attentats et d'attaques de commandos qui ensanglantent le Pakistan depuis près de trois ans.

Ses bastions sont situés dans les zones tribales du nord-ouest, frontalières de l'Afghanistan, considérées comme le principal sanctuaire d'Al-Qaeda dans le monde et base arrière des talibans afghans.

Washington qualifie les zones tribales de «région la plus dangereuse au monde» et les drones de la CIA et de l'armée américaine y tirent fréquemment des missiles visant des cadres du mouvement d'Oussama ben Laden et des talibans. Mais ces bombardements font aussi des victimes parmi les civils, selon Islamabad.