L'Iran a notifié lundi à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) l'accord irano-turco-brésilien sur un échange d'uranium, dont l'acceptation pourrait selon le secrétaire général de l'ONU «ouvrir la voie à une solution négociée» au problème nucléaire iranien.

Avec cet accord, Téhéran veut rassurer la communauté internationale sur son programme nucléaire. Malgré les dénégations du régime islamique iranien, qui affirme que son programme nucléaire est purement civil et pacifique, les grandes puissances et l'ONU soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique.

Lundi, des diplomates iraniens ont remis la lettre de notification de l'accord tripartite signée par le chef de l'Organisation de l'énergie atomique iranienne, Ali Akbar Salehi, au cours d'une réunion à la résidence du directeur général de l'AIEA, le Japonais Yukiya Amano, à Vienne.

Selon un porte-parole de l'agence onusienne, Gill Tudor, des diplomates turcs et brésiliens étaient présents lors de cette rencontre.

Evoquant l'accord au cours d'une conférence de presse à New York, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a estimé que «s'il est accepté et mis en oeuvre, il peut constituer une importante mesure de confiance et ouvrir la voie à une solution négociée du problème nucléaire iranien».

Dans le document remis à l'AIEA, Téhéran stipule que «la République islamique d'Iran annonce son accord avec le contenu de la déclaration tripartite (Iran-Turquie-Brésil), et affirme que ses différents articles sont liés entre eux et que chacun a une importance particulière», selon des extraits publiés par l'agence de presse iranienne Irna.

Signé le 17 mai à Téhéran, l'accord prévoit l'échange en Turquie de 1200 kg d'uranium iranien faiblement enrichi (3,5%) contre 120 kg de combustible enrichi à 20% fourni par les grandes puissances et destiné au réacteur de recherche nucléaire à des fins médicales de Téhéran.

«Nous attendons de l'Agence, conformément à l'article 6 de la déclaration, qu'elle informe le groupe de Vienne (Etats-Unis, Russie, France) et nous transmette la réponse positive de ce groupe», «ce qui permettra de commencer les négociations sur les détails de l'échange du combustible», poursuit Ali Akbar Salehi dans sa lettre.

Après la remise de la lettre, le président français Nicolas Sarkozy s'est entretenu par téléphone avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan «du projet de fourniture de combustible nucléaire pour le réacteur de recherche de Téhéran», a indiqué la présidence française.

Les services de M. Erdogan ont précisé pour leur part que le chef de gouvernement turc a tenté de convaincre M. Sarkozy de soutenir l'accord.

Confirmant la teneur du document après la réunion à Vienne, le porte-parole de l'AIEA, a annoncé que Yukiya Amano «allait transmettre la lettre aux Etats-Unis, à la Russie et à la France».

Le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley, a ainsi confirmé que l'AIEA avait transmis une copie de la lettre à Washington. «Nous allons nous entretenir avec nos partenaires et pensons très bientôt répondre à l'AIEA», a-t-il dit.

Instigateur de l'accord avec Téhéran, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a estimé pour sa part que la remise du document prouvait la bonne volonté de Téhéran dans ce dossier.

Etats-Unis, Russie et France avaient proposé en octobre 2009 une autre procédure d'échange d'uranium à laquelle l'Iran n'avait finalement pas donné suite. De leur côté, les grandes puissances avaient récusé une contre-proposition iranienne préconisant un échange simultané sur le sol iranien de l'uranium faiblement enrichi en Iran contre du combustible plus enrichi fourni par la France et la Russie.

Depuis cette proposition, le stock d'uranium faiblement enrichi de l'Iran est en forte hausse, il est passé de 1.200 kg en octobre à un peu plus de 2.000 kg en février, date du dernier rapport d'inspection de l'AIEA. Selon des experts, il devrait être aujourd'hui d'environ 2.400 kg.

Par avance, le président du Parlement iranien, Ali Larijani, avait fermement appelé samedi le groupe de Vienne à ne pas exiger de garanties supplémentaires, sous peine de rendre caduc l'accord tripartite.

Mais malgré la nouvelle offre, les Etats-Unis ont convaincu la semaine dernière la Chine et la Russie de soutenir un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU prévoyant une quatrième série de sanctions contre l'Iran.