Les trois randonneurs américains détenus depuis l'été dernier en Iran sont des «espions», a indiqué mercredi le ministre iranien des Renseignements Heydar Moslehi cité par l'agence Isna, alors que les mères des trois prisonniers sont attendues à Téhéran dans la soirée.

L'Iran a accepté de donner un visa aux mères des trois Américains «pour des raisons humanitaires conformément à l'enseignement islamique», a-t-il affirmé.

«Bien qu'ils soient des espions et qu'ils soient entrés illégalement en Iran, nous les avons traités selon les préceptes religieux», a poursuivi M. Moslehi.

«Nous allons voir comment les Américains réagissent en ce qui concerne les Iraniens innocents qu'ils ont kidnappés et transférés» aux États-Unis, a-t-il ajouté.

L'Iran accuse les États-Unis de détenir illégalement onze Iraniens, dont certains auraient été enlevés à l'étranger par les Américains.

Shane Bauer, 27 ans, Sarah Shourd, 31 ans et Josh Fattal, 27 ans, ont été arrêtés le 31 juillet 2009 en territoire iranien à proximité de la frontière irakienne qu'ils auraient franchie par erreur après s'être égarés lors d'une randonnée au Kurdistan irakien. Ils sont emprisonnés à la prison d'Evine, à Téhéran.

Le 9 novembre, le procureur général de Téhéran, Abbas Jafari Dolatabadi, avait annoncé qu'ils étaient accusés «d'espionnage». Il avait été contredit le lendemain par le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, selon qui les poursuites se limitaient à leur «entrée illégale» en territoire iranien.

M. Moslehi avait toutefois réaffirmé le 9 avril qu'ils étaient accusés de «coopérer avec des services de renseignement étrangers».

Peu avant leur départ mardi pour Téhéran, les mères des trois randonneurs avaient expliqué qu'elles apportaient à leurs enfants des lettres d'amis, des photos ainsi que des cahiers vierges pour que les trois détenus puissent raconter ce qu'ils vivent.

En avril, Washington avait dit être «profondément inquiet» du sort des randonneurs après que des proches eurent indiqué que deux d'entre eux étaient en mauvaise santé et que tous les trois envisageaient d'entamer une grève de la faim.

La déclaration mercredi de M. Salehi risque d'augmenter les tensions entre les États-Unis et l'Iran alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a examiné mardi un nouveau projet de sanctions, d'inspiration américaine, pénalisant l'Iran pour son programme nucléaire.

La résolution constitue un nouveau coup de théâtre dans le bras de fer diplomatique entre la communauté internationale et l'Iran, après la signature lundi, à Téhéran, d'un accord entre l'Iran, le Brésil et la Turquie qui paraissait avoir brisé la dynamique de nouvelles sanctions.

L'Iran est soupçonné de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce qu'il dément.