L'ambassadeur des États-Unis à Kaboul a affirmé lundi que les gouvernements américain et afghan étaient «alignés comme jamais», au moment où le président afghan Hamid Karzaï entame une visite officielle à Washington, lors de laquelle il doit être reçu par Barack Obama.

«Je peux dire que les gouvernements américain et afghan sont alignés comme jamais», a assuré l'ambassadeur Karl Eikenberry lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche, où MM. Obama et Karzaï doivent se rencontrer mercredi, occasion d'apaiser les relations difficiles entre les deux pays.

Le président Obama, qui a décidé en décembre de renforcer de 30 000 hommes le contingent militaire américain en Afghanistan, a réclamé en échange à Hamid Karzaï des efforts pour réduire la corruption et mieux gouverner le pays en guerre contre les talibans.

L'administration a, depuis, manifesté à plusieurs reprises son impatience, suscitant à chaque fois la colère du président afghan.

Richard Holbrooke, l'émissaire américain pour l'Afghanistan et le Pakistan, a lui-même accueilli M. Karzaï à son arrivée.

Les deux hommes avaient eu à l'automne un différend sur le déroulement de la présidentielle afghane d'août 2009, un scrutin marqué par des fraudes massives.

La visite présidentielle à Washington, d'une durée prévue de quatre jours, avait encore failli être annulée il y a un mois, après des déclarations de M. Karzaï accusant les Occidentaux d'être à l'origine des fraudes électorales du scrutin présidentiel afghan.

Elle a finalement lieu alors que se profile une offensive délicate à Kandahar, berceau des talibans et région d'origine du président afghan. L'objectif est d'infliger une défaite décisive aux talibans, et de préparer ainsi le terrain à un début de désengagement américain à l'été 2011.

Plus de violences avant les succès

À ce titre, le commandant des forces occidentales en Afghanistan, le général Stanley McChrystal a prévenu lundi, lors de la même conférence de presse que M. Eikenberry, que ses soldats rencontreraient «plus de violences» face aux talibans, mais assuré que la campagne serait couronnée de succès.

«Cela demandera du courage et de la solidité. Nous rencontrerons plus de violences au fur et à mesure que nos forces de sécurité pénètreront dans les zones contrôlées par les talibans», a-t-il affirmé.

«Le temps venant, la responsabilité de la sécurité reviendra aux Afghans. En tenant compte des difficultés qui nous attendent, je suis persuadé que notre plan de campagne sera couronné de succès», a ajouté le responsable militaire.

La chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton, qui avait exprimé certains reproches au gouvernement de M. Karzaï, doit être lundi soir la première personnalité américaine à recevoir le chef d'État, lors d'un dîner au département d'État.

Barack Obama a demandé à ses conseillers de mettre leurs critiques en sourdine, a révélé dimanche le Washington Post, la Maison-Blanche confirmant ensuite l'information.

«Tout partenariat connaît des hauts et des bas mais l'essentiel est de rester concentré sur le but commun», la victoire contre les talibans, a indiqué un responsable sous le couvert de l'anonymat.

Côté afghan, on qualifie le déplacement de «visite d'une rare importance».

Mercredi, M. Karzaï sera reçu à la Maison-Blanche comme tout autre chef d'État, avec notamment des entretiens dans le Bureau ovale, une conférence de presse conjointe et un banquet.

La précédente rencontre entre MM. Obama et Karzaï, en mars à Kaboul, avait précédé de peu la dernière crise entre les gouvernements.