L'ambassadeur britannique a échappé lundi à Sanaa à un attentat suicide qui constitue la première attaque du genre cette année au Yémen où les autorités traquent activement le réseau Al-Qaeda.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a assuré que l'ambassadeur était indemne et qu'aucun membre du personnel de l'ambassade n'avait été touché, mais la chancellerie a été fermée au public.

Pour sa part, le ministère yéménite de l'Intérieur a affirmé que l'attentat suicide portait «les empreintes d'Al-Qaeda».

Selon des sources de sécurité yéménites, un kamikaze portant une ceinture d'explosifs s'est lancé contre le convoi de l'ambassadeur, Timothy Torlot, alors qu'il se trouvait à 600 mètres du bâtiment de la chancellerie.

L'ambassadeur s'en est sorti indemne et seul le kamikaze a été tué, selon les mêmes sources.

Deux passants ont été légèrement blessés, selon des sources médicales.

Un véhicule de la police yéménite qui escortait le convoi, formé de deux voitures diplomatiques, a été touché par l'explosion, et son pare-brise a volé en éclats, a précisé le correspondant.

Des témoins ont indiqué à l'AFP avoir vu le kamikaze descendre d'une voiture noire aux vitres teintées cinq minutes avant l'attentat qui s'est produit dans le quartier de Noqom, près de l'hôtel Mövenpick, fréquenté par des Occidentaux.

Dans un communiqué, le ministère yéménite de l'Intérieur a affirmé que «cet attentat terroriste raté porte les empreintes de l'organisation Al-Qaeda», ajoutant que les services de sécurité rassemblaient les morceaux du corps du kamikaze dont l'identité devait être déterminée.

À Londres, une porte-parole du Foreign Office a confirmé qu'il y avait eu «une petite explosion à côté de la voiture de l'ambassadeur» mais assuré que M. Torlot, en poste au Yémen depuis 2007, n'avait pas été blessé.

«Aucun autre membre du personnel de l'ambassade ou citoyen britannique n'a été blessé», a ajouté la porte-parole.

«L'ambassade restera fermée au public pour l'instant», a-t-elle ajouté, précisant que les autorités britanniques travaillent «de manière urgente» avec leurs homologues yéménites dans l'enquête.

Cet attentat, le premier depuis le début de l'année, intervient alors que les forces de sécurité yéménites traquent activement avec le soutien des États-Unis le réseau Al-Qaeda, et ont multiplié depuis décembre les raids aériens sur les repaires présumés des membres du réseau, notamment dans l'est du pays.

Mais les autorités mettent régulièrement en garde contre des tentatives d'attentats et avaient annoncé le 17 avril que les mesures de sécurité avaient été renforcées autour des ambassades étrangères et des installations vitales au Yémen de crainte d'attentats.

Début janvier, les ambassades des États-Unis, de Grande-Bretagne et de France avaient déjà fermé en raison de menaces d'attentats d'Al-Qaeda, quelques jours après la revendication par le réseau de l'attentat manqué de Noël contre un avion de ligne américain faisant le trajet Amsterdam-Detroit.

L'attentat perpétré par le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab avait été revendiqué par Al-Qaeda dans la péninsule arabique (Aqap), née d'une fusion des branches saoudienne et yéménite du réseau, après les coups durs infligés aux partisans d'Oussama ben Laden en Arabie saoudite.

En décembre 2009, le ministère de la Défense avait annoncé que les autorités yéménites avaient déjoué un attentat suicide d'Al-Qaeda contre l'ambassade britannique.

L'ambassade américaine avait pour sa part été la cible d'un double attentat à la voiture piégée le 17 septembre 2008, qui avait fait 16 morts.