Israël a restreint lundi peu avant la célébration de la Pâque juive l'accès de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, dans un climat de tensions politico-religieuses avec les Palestiniens.

L'accès de l'esplanade dans la Vieille ville est limité aux Palestiniens de plus de 50 ans détenteurs du statut de résident permanent, ce qui exclut les habitants de Cisjordanie, a précisé le porte-parole de la police israélienne, Micky Rosenfeld.

Le site sera également interdit aux visiteurs non-musulmans mais restera ouvert aux femmes, a ajouté M. Rosenfeld sans préciser la durée des restrictions.

Troisième lieu saint de l'islam, l'esplanade des Mosquées qui accueille le célèbre Dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa, est également le site le plus sacré pour les juifs qui l'appellent le Mont du Temple.

Les autorités israéliennes ont aussi bouclé la Cisjordanie occupée jusqu'au 6 avril «pour des raisons de sécurité» pendant les fêtes de la Pâque juive.

Ces restrictions de mouvement pour les Palestiniens de Cisjordanie sont courantes lors des fêtes du calendrier juif.

Mais elles surviennent à un moment où les esprits sont échauffés par la polémique sur la poursuite de la colonisation juive à Jérusalem-Est, secteur à majorité arabe dont l'annexion par Israël en 1967 n'est pas reconnue par la communauté internationale.

L'esplanade des Mosquées et les ruelles de la vieille ville ont récemment été le théâtre de violents heurts entre manifestants palestiniens et policiers israéliens.

Dimanche, un officier de police a indiqué que des milliers de policiers seraient déployés à Jérusalem durant la Pâque juive. «La police n'autorisera aucune manifestation ou trouble à l'ordre public au Mont du Temple, de la part de quiconque, ni des extrémistes de droite (israéliens) ni de la part de musulmans extrémistes».

Quatre militants israéliens d'extrême droite ont été brièvement interpellés alors qu'ils voulaient se rendre dans la Vieille Ville pour y sacrifier rituellement deux chèvres pour la Pâque, un geste susceptible de déclencher des troubles avec les musulmans, selon la police.

Par ailleurs, un petit groupe de Palestiniens a attaqué à coup de pierres les forces de sécurité israéliennes qui ont riposté avec des grenades assourdissantes, au checkpoint séparant Bethléem de Jérusalem, selon des témoins.

Le contentieux de Jérusalem est le principal obstacle à la reprise du dialogue israélo-palestinien suspendu depuis plus d'un an. Les Palestiniens veulent établir la capitale de leur futur État à Jérusalem-Est tandis que les Israéliens considèrent la ville dans son ensemble comme leur capitale «éternelle et indivisible».

Israël a annoncé ces dernières semaines plusieurs projets de construction de logements à Jérusalem qui ont provoqué la plus grave crise diplomatique avec Washington depuis des années.

À l'occasion de leur sommet annuel, les dirigeants de la Ligue arabe ont conditionné dimanche la reprise du dialogue israélo-palestinien à l'arrêt total de la colonisation, appelant le président américain Barack Obama à maintenir la pression sur Israël.

Le ministre sans portefeuille israélien Benny Begin, membre du cabinet de sécurité israélien, a cependant affirmé que les «pressions exercées par les Américains vont avoir l'effet inverse de ce qu'ils souhaitent, car ils incitent ainsi les Palestiniens et les Arabes à adopter des positions plus extrémistes».

«Jérusalem réunifiée est la capitale d'Israël et il n'y a aucune chance pour que nous renoncions à notre souveraineté sur la ville ou à nos intérêts vitaux», a-t-il prévenu.